L'infirmière Magazine n° 355 du 01/12/2014

 

ÉDITORIAL

KAREN RAMSAY  

Le constat n’est pas nouveau : les femmes sont toujours trop faiblement représentées dans les postes à responsabilité. Au sein de la fonction publique, la parité reste un combat durement mené, et son absence est décriée symboliquement le 8 mars. Un manque tellement flagrant qu’un dispositif de « nominations équilibrées », en vigueur depuis le 1er janvier 2013, impose aux administrations une plus grande mixité dans les nominations aux postes de l’encadrement supérieur (voir p. 9). L’objectif : atteindre 20 % de primo-nominations pour chaque sexe. La bonne nouvelle ? 33 % de femmes en primo-nominations en 2013. La nuance ? Dans la Fonction publique hospitalière, elles ne représentent que 28 %, soit 17 des 61 primo-nominations. Une bonne voie vers la féminisation des emplois de l’encadrement supérieur, estime cependant la DGAFP(1). Le fameux « plafond de verre » commence-t-il à se fissurer ? Ne nous emballons pas ; s’il craquèle, il ne se brise pas ! Si l’objectif des 20 % est effectivement atteint, des éléments dérangeants persistent : 11 femmes contre 30 hommes directeurs d’hôpital ; 1 femme directrice de CHU contre 3 hommes. Un dispositif trop ambitieux, si l’on considère l’objectif des 30 % en 2015 et des 40 % en 2017 ? Cette volonté – et les 30 000 euros de sanction par « unité manquante » – oblige à faire un constat dérangeant. Car en voulant lisser au maximum les inégalités entre hommes et femmes, ce genre de dispositif révèle qu’il faudra encore des décrets, des lois, des dispositifs de ce genre et des pénalités pour assurer la parité. La femme, une espèce managériale rare ? Quelle ironie, quand on sait qu’elles représentent 77 % des effectifs de la fonction publique !

1- DGAFP : Direction générale de l’administration et de la fonction publique.