L'infirmière Magazine n° 355 du 01/12/2014

 

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LISETTE GRIES  

Une équipe franco-britannique a mis en évidence un lien entre horaires décalés et vieillissement cérébral.

Le travail en horaires postés est la norme dans le milieu hospitalier. Pourtant, il n’est pas sans conséquence sur les salariés, comme le confirme une étude franco-britannique parue le 4 novembre dans la revue Occupational and Environmental Medicine, qui pointe du doigt ses effets néfastes sur les fonctions cognitives. Le Dr Jean-Claude Marquié, du CNRS de Toulouse, et son équipe ont suivi une cohorte de 3 232 salariés et retraités pendant dix ans ; 1 484 d’entre eux étaient concernés par le travail en horaires postés (situation présente ou passée), les autres non. Étaient considérés comme en horaires décalés ceux qui avaient travaillé au minimum 50 nuits dans l’année. Tous ont été soumis à trois séries de tests, en 1996 au démarrage de l’étude, puis en 2001 et en 2006. Cela a permis de mesurer leur mémoire et leur vitesse de traitement.

6,5 ans de plus pour 10 ans de travail posté

Il est apparu que les fonctions cognitives des salariés travaillant ou ayant travaillé en horaires décalés déclinaient plus rapidement que celles du reste de la population. Ainsi, 10 ans d’horaires postés correspondent à un vieillissement cognitif de 6,5 ans supplémentaires et ce, que les individus soient bons ou mauvais dormeurs. L’impact sur la mémoire semble plus important que celui sur la rapidité de traitement. « Le travail posté affecte les capacités cognitives, avec des conséquences potentielles majeures sur la sécurité des individus concernés, mais aussi plus globalement de la société », conclut l’étude. Bonne nouvelle : ces effets sont réversibles quand on reprend un rythme circadien naturel pendant cinq ans minimum. L’étude indique aussi trois leviers pour limiter les effets négatifs du travail de nuit : « l’organisation du travail, la surveillance médicale personnalisée et l’information aux salariés sur l’hygiène du sommeil, l’alimentation, l’activité physique et les relations sociales. » Sur le premier point, le Dr Jean-Claude Marquié souligne qu’« il vaut mieux commencer sa journée à 6 heures qu’à 4 heures. »

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