Comme chaque année depuis plus de vingt ans, les « hussards » de la lutte contre la douleur de l’enfant se sont réunis pour échanger sur leurs pratiques lors des Journées Pédiadol, à Paris, du 10 au 12 décembre derniers. En fil rouge de ces rencontres, la formation initiale et continue des soignants.
Le ministère de la Santé a fait machine arrière. Le Centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD) n’a pas fermé ses portes en janvier et les financements publics ont été maintenus. Le soulagement primait donc lorsque se sont ouvertes à Paris les Journées Pédiadol, organisées par l’association éponyme pour le traitement de la douleur de l’enfant. Cette bonne nouvelle a ainsi été partagée par le millier de soignants, dont bon nombre d’infirmières et de puéricultrices, qui ont participé à ce temps de formation, d’information et d’échange de pratiques, dont le succès ne se dément pas. Car, en matière de lutte contre la douleur chez l’enfant, si la prise en charge a notablement évolué, beaucoup reste à faire, comme l’ont mis en lumière plusieurs interventions de cette plénière
Le Dr Nelly Schinkel-Le Nagard a ainsi présenté les résultats préliminaires d’une étude faisant l’état des lieux des connaissances des internes de pédiatrie sur la prise en charge de la douleur aiguë de l’enfant. Premier constat, « si près de 70 % des internes ont déclaré avoir reçu une formation douleur au cours de leur externat, seuls 5,2 % ont bénéficié de plus de 4 heures d’enseignement », détaille-telle. Sept internes sur dix n’avaient, par exemple, jamais entendu parler de l’atonie psychomotrice. De même, 25 % des étudiants seulement ont été capables de décrire parfaitement les modalités d’une titration morphinique. Et, alors que près de 45 % des internes prescrivaient la bonne dose de morphine orale avant un geste douloureux, plus des trois-quarts ne le faisaient pas au bon moment. Dans ce contexte, « la question d’un enseignement basique sur la prise en charge de la douleur en pédiatrie se pose », a commenté le Dr Schinkel- Le Nagard.
Sans attendre une refonte de l’enseignement, Juliette Andreu-Gallien, pédiatre de l’unité de lutte fonctionnelle contre la douleur à l’hôpital Trousseau (AP-HP), a organisé l’an passé, via son blog, une formation en ligne dédiée aux futurs pédiatres et aux infirmières. Nourri d’une trentaine d’articles, de vidéos et d’illustrations, « i-Dole » avait pour « objectif de fournir et de s’assurer de l’acquisition de connaissances de base sur la douleur de l’enfant », a-t-elle expliqué. Cette « blog-formation » a été validée par un examen final autour de 40 questions. Le taux de bonnes réponses a frôlé les 79 %. « Le projet i-Dole a permis de montrer que le blog pouvait être un outil de formation efficace », a indiqué le médecin.
Se former, c’est d’abord s’informer. Dans ce registre, le groupe d’experts Pédiadol, auquel participent des infirmières (puéricultrices et cadres de santé), a sélectionné une trentaine d’articles et d’études, publiés en France et à l’étranger entre septembre 2013 et septembre 2014 – hors néonatalogie. Ce recueil, en ligne sur le site de l’association
1- 36 ateliers de formation se sont également tenus les 10 et 12 décembre 2014 à la faculté de médecine de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.
Destiné à tout soignant prenant en charge un enfant malade ou accidenté, le guide de poche Douleur de l’enfant – L’essentiel a été présenté à l’occasion des Journées Pédiadol. « Évaluation de la douleur », « Situations cliniques » et « Antalgiques » : en trois volets, le livret propose l’indispensable des connaissances et des bonnes pratiques pour une prise en charge rapide et optimale de la douleur chez l’enfant. Via de nombreux flashcodes, les utilisateurs peuvent accéder à des compléments d’information en ligne.
À commander sur www.sparadrap.org, 13 €.