L'infirmière Magazine n° 357 du 01/02/2015

 

FORMATION

BONNES PRATIQUES

PASCALE THIBAULT  

L’apport nutritionnel et médicamenteux par perfusion sur cathéter périphérique ou central est fréquent en néonatologie. Un mode d’administration qui comporte des risques.

Cet acte médical se fait le plus souvent à l’aide d’un pousse-seringue ou d’une pompe à perfusion, ce qui permet d’en contrôler précisément le débit. Lorsque l’enfant bénéficie d’un cathéter central, celui-ci est posé au membre supérieur dans plus de 80 % des cas. Sa durée moyenne de maintien est de 13 jours. Les risques principaux de ce mode d’administration sont de plusieurs types.

Les risques infectieux

Ils sont fréquents(1), d’autant que les défenses immunitaires des nouveau-nés et des enfants nés prématurément sont faibles et que certains d’entre eux sont hospitalisés dans ce secteur pour un problème infectieux. En pratique, des mesures de prévention des infections nosocomiales strictes doivent être prises lors de la pose de cathéter central ou périphérique et des manipulations qui le concernent(2). Le pansement protecteur doit également répondre à des normes précisées dans les protocoles du service élaborés avec le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN). Grâce au réseau NEOCAT, les services de néonatologie peuvent désormais surveiller l’incidence des bactériémies et infections liées aux cathéters dans leurs unités.

Les risques liés au débit de la perfusion

Tous services confondus, les erreurs de débit constituent jusqu’à 73 % des fautes liées aux injections de produits(3). Les risques sont majorés avec l’utilisation de pompes à perfusion. Il est donc important d’utiliser des matériels adaptés permettant de limiter les quantités administrées, y compris en cas de défection de la machine ou d’erreur de programmation ; par ailleurs, la HAS conseille la restriction du nombre de modèles de pompes dans un établissement, la mise à disposition auprès des personnels de la procédure d’utilisation de ces matériels et une double vérification des débits. En pratique, l’infirmière doit maîtriser le modèle de pompe qu’elle utilise, solliciter l’obtention de la fiche d’utilisation, assurer des contrôles réguliers des débits des perfusions et effectuer une double vérification des quantités administrées si nécessaire.

Les risques liés au matériel périphérique

Concernant ces matériels (tubulures, robinets et rampes), on peut distinguer le risque de débranchement et le risque d’enroulement de l’enfant autour des matériels. Au sujet du risque de débranchement, l’infirmière doit vérifier que l’installation est correcte lors de chaque manipulation. À propos du risque d’enroulement de l’enfant autour des tubulures, il est nécessaire d’utiliser des prolongateurs les plus courts possibles. Quand d’importantes tailles s’avèrent nécessaires, il est préférable d’éloigner ces tubulures de l’enfant en les fixant en dehors de son périmètre d’accès, ou en effectuant une boucle permettant d’en limiter la longueur.

L’ensemble de ces mesures doivent être inscrites dans les protocoles connus des personnels qui les utilisent. Lorsqu’un problème survient, il doit être considéré comme un événement indésirable et être signalé de façon systématique, contribuant ainsi à la matériovigilance. Le rythme de la surveillance doit être défini, les situations à risques, telle que l’agitation de l’enfant, identifiées.

1- Rapport des résultats 2012 du réseau NEOCAT de surveillance des cathéters veineux centraux en néonatalogie, juillet 2013.

2- M. L. Valdeyron, « Risques infectieux liés aux Voies Veineuses Centrales (VVC) de longue durée en pédiatrie – gastro-entérologie, néonatalogie, hématologie », suivre http://petitlien.fr/7ro7

3- HAS - Fiche n° 7 « Administration des formes injectables », suivre http://petitlien.fr/7rob