Six ans de prison pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Et une influence incontestable sur les orientations doctrinaires des responsables des récents événements meurtriers survenus à Paris. Conforme à ses valeurs, la France a permis à Farid Benyettou de s’engager dans un processus de réinsertion sociale. Il est aujourd’hui étudiant en soins infirmiers. Pourquoi sommes-nous, soignants, si bouleversés par le fait que cette situation se vive au sein de notre profession, dans un établissement de soins, a fortiori de la fonction publique hospitalière ? Parce que nous ne sommes pas à l’aise avec l’idée que cette dernière forme et délivre un diplôme d’État à des étudiants autrefois condamnés pour faits graves, et qu’elle n’embauchera pas une fois diplômés. Ces mêmes étudiants, qui ne seront jamais agents titulaires de la FPH, mais que celle-ci envoie en stage dans des structures, tant privées que publiques, pendant trois ans. Une incohérence qui soulève de nombreuses questions éthiques. Confier des patients à des personnes, certes repenties, qui ont clamé leurs pensées extrémistes, est-il compatible avec l’exigence de neutralité requise dans leur nouvelle profession ? Après avoir fait preuve d’une discrimination envers autrui, peut-on encore s’engager à soigner, sans aucune différence de traitement, tout individu, quelles que soient sa religion, ses croyances, ses origines ? Des questions éthiques qui interpellent le soignant individuellement et induisent une réflexion d’équipe nécessaire.