L'infirmière Magazine n° 358 du 01/03/2015

 

ÉDITORIAL

KAREN RAMSAY  

La santé se met à la page ! Et si elle s’exporte de plus en plus facilement, elle n’a jamais été autant au cœur de notre quotidien… et au centre des débats ! E-santé, télémédecine et écrans conditionnent de plus en plus notre rapport à la santé et au soin. Le face-à-face entre soignant et soigné se joue autrement depuis l’entrée en consultation du smartphone ou de l’objet connecté. Prévention et suivi de maladies, auto-mesures… le numérique a toutes les astuces. Du simple comptage de pas au suivi post-hospitalisation, les applications de santé et logiciels de télémédecine sont devenus de véritables phénomènes de mode. Au cœur de cette révolution, le patient est à la fois sujet et objet. Mais comment soigner à l’heure du numérique ? Outre l’éternel débat de la confidentialité des données, la question de la relation à l’autre se pose : assurer un tel suivi du patient à distance ne finit-il pas par le maintenir à distance, justement ? En le gardant virtuellement aussi proche, ne le condamne-t-on pas à un isolement réel ? En misant sur la santé connectée, ce « paradoxe de l’isolement », qu’évoque d’ailleurs Le Livre blanc de la santé connectée(1), finit par déconnecter le patient de la relation priviligiée avec le soignant. Et peut aussi provoquer une e-dépendance tant chez l’un que chez l’autre. L’e-santé peut être un atout et un gain de temps reconnu, et proposer un meilleur dialogue entre le soignant et son patient, et entre ville et hôpital. Encore faudrait-il voir, au-delà de l’objet froid, l’être humain et non la donnée virtuelle.

1- « De la e-santé à la santé connectée : Le Livre blanc du Conseil national de l’Ordre des médecins », janvier 2015.