L'infirmière Magazine n° 358 du 01/03/2015

 

HYGIÈNE DES MAINS

ACTUALITÉS

FOCUS

AVELINE MARQUES  

Une étude menée grâce à la technologie de la radiofréquence(1) montre que seul un soignant sur cinq se lave les mains avant un contact avec un patient.

Un patient sur 20 développe une infection nosocomiale(2). Alors que ces dernières sont responsables chaque année de plusieurs milliers de décès et engendrent un surcoût chiffré en milliards d’euros, le Pr Philippe Brouqui, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Nord de Marseille (AP-HM), a fait de l’hygiène des mains son cheval de bataille. Selon lui, ni les études menées tous les deux ans par l’OMS, ni la mesure de la consommation de solution hydro-alcoolique (SHA), ne rendent compte de l’attitude réelle des soignants. « Lorsque l’établissement est audité, on est prévenu à l’avance. Une personne nous suit et on lui montre comment on fait bien, ironise le Pr Brouqui. Quant aux SHA, les hôpitaux groupent les commandes. » Le chef de service a donc conduit une étude d’observance(3) grâce à la technologie développée par MediHandTrace, basée sur la radiofréquence : placé dans la chaussure des soignants, un élément d’identification personnalisé permet de relever leurs passages devant le distributeur de SHA.

Un parcours en faute

Sur la période étudiée, 4 629 parcours, concernant 43 soignants et 132 patients, ont été passés au crible : 77,4 % d’entre eux ont été jugés « inacceptables », parce qu’ils ne comportaient aucun lavage des mains (56 %), ou que le geste intervenait après le contact patient (21,4 %). Des différences entre professions ont été observées : le pourcentage de parcours « inacceptables » est plus grand chez les ASH, AS et IDE que chez les médecins. Plus les parcours sont courts (distribution de repas et de médicaments), moins la désinfection est pratiquée. Et plus il y a de soignants dans une chambre, plus ils se désinfectent les mains, révélant un effet d’entraînement. Comment expliquer que des soignants suivis à la trace n’aient pas été plus scrupuleux ? « Il y a un problème de perception des risques. Certains soignants se demandent si ça vaut la peine de se laver les mains », relève Philippe Brouqui. Plusieurs leviers vont être activés pour améliorer l’observance : modification de l’emplacement des SHA, formation ciblée ou encore, mise en place d’alarmes, qui se déclencheront si le soignant ne se lave pas les mains à l’entrée dans la chambre.

1- Étude présentée aux États généraux des infections nosocomiales le 5 février, à Paris.

2- Enquête nationale de prévalence 2012.

3- Étude réalisée de mars 2013 à septembre 2014.