Craignant de perdre le monopole de la collecte de plasma, les syndicats de l’Établissement français du sang se mobilisent.
Le modèle transfusionnel français, mis en place après l’affaire du sang contaminé, a-t-il fait long feu ? C’est ce que craignent les syndicats de l’Établissement français du sang (EFS), qui ont appelé à la grève les 9 800 collaborateurs de l’agence sanitaire le 27 janvier. Au centre des inquiétudes, la possible ouverture de la collecte de plasma au Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB). « Lors d’un audit en novembre, les interlocuteurs ont répété que l’EFS ne devait plus être le seul opérateur, rapporte Serge Dominique, délégué central FO à l’EFS. Cela remettrait en cause le principe de séparation de la collecte et du fractionnement de plasma, instauré par la loi du 4 janvier 1993 », s’insurge le délégué syndical. Des inquiétudes alimentées par la récente perte du monopole de production du plasma frais congelé déleucocyté viro-atténué par solvant-détergent (plasma SD). Dans une décision rendue en juillet 2014, le Conseil d’État a considéré que le plasma SD, dans la production duquel intervient un processus industriel, était un médicament dérivé du sang et non un produit sanguin labile.
Tandis que l’EFS, qui n’a pas le statut d’établissement pharmaceutique, se trouvait contraint de fermer son unité de production, le laboratoire suisse Octapharma gagnait le droit de commercialiser en France son propre plasma SD. Pour FO, « on fait passer l’économie avant la sécurité ». Le Conseil d’État a néanmoins posé des conditions, garantes de l’éthique du don à la française, aux industriels : le respect du caractère volontaire, anonyme et gratuit des dons du sang, la majorité du donneur et le dépistage des maladies transmissibles. « L’Agence nationale de sécurité sanitaire aura-t-elle la capacité de contrôler la production ? », s’interroge toutefois Serge Dominique.
Alors que la ministre de la Santé a annoncé qu’elle travaillait à un nouveau dispositif de délivrance du plasma, la perte des monopoles risque encore de fragiliser l’EFS. « Une restructuration du prélèvement est en cours. Les sites à faible activité sont remis en cause », développe Serge Dominique.
L’intersyndicale FO-CFDT-CGT-CFE/CGC dénonce aussi les orientations du contrat d’objectifs et de performances 2015-2018, « sans engagement des tutelles, mais avec de sévères contraintes d’efficience et de plafond en termes d’emploi ». En 2016, 500 à 1 200 emplois, d’IDE et de médecins, surtout, pourraient selon eux être supprimés.