L'infirmière Magazine n° 358 du 01/03/2015

 

CARRIÈRE

PARCOURS

F. V.  

Les Ibodes forment une communauté dynamique. On apprend aussi beaucoup de l’expérience des autres. C’est très important, notamment en termes de formation continue

Si tu es intéressée par un poste au bloc, appelle-moi quand tu seras diplômée », m’avait lancé la cadre de bloc de l’hôpital Laennec, à l’issue d’un stage que j’avais effectué en deuxième année à l’Ifsi », se souvient Stéphanie Getenet. Si, comme la plupart des étudiantes, elle méconnaît le travail des Ibode, elle aime d’emblée la particularité de la relation avec les patients, « courte, intense et directe ». Le plus souvent, « les patients sont angoissés, craignent de ne pas se réveiller. On doit les rassurer, les mettre en confiance en quelques mots. Et, parce qu’ils sont en état de vulnérabilité, on a une grande responsabilité à leur égard, et pour cela on se doit de développer une réelle rigueur professionnelle », précise-elle. Elle apprécie également l’intimité et la technicité du bloc, le travail d’équipe où « tout se joue autour du champ opératoire ». DE en poche, la jeune infirmière fait son entrée au bloc de chirurgie digestive de Laennec en janvier 1999 – une discipline qui deviendra son terrain de prédilection. « Les premiers mois, j’ai été assignée à la fonction de circulante. C’est un poste très formateur, car il laisse du temps pour observer », ajoute-telle. Ultra-motivée, l’infirmière « s’habille » très vite et participe à des interventions « pointues » en tant qu’instrumentiste.

Comme ça et pas autrement ! Fin 1999, direction l’hôpital Georges-Pompidou qui vient d’ouvrir ses portes à Paris. En plus de la chirurgie digestive, Stéphanie Getenet se frotte alors à la chirurgie gynécologique et bariatrique, mais aussi au caractère de grands chirurgiens. « J’ai beaucoup appris avec eux, et surtout à ne pas me laisser faire ! », plaisante-elle. Puis, c’est le départ pour le centre hospitalier de Montauban et son bloc pluridisciplinaire. Cardiologie, ophtalmologie, orthopédie, traumatologie et endoscopie : c’est de nouveau le temps de l’apprentissage. « Anatomie, gestes, instruments… il faut tout connaître sur le bout des doigts », note-t-elle. En 2004, c’est décidé, elle prépare le concours d’entrée à l’école d’Ibode. En novembre 2007, Stéphanie Getenet est diplômée. S’opère alors « un grand changement » dans sa façon d’aborder le métier et le champ opératoire. « Quand on est infirmière, on apprend le métier du bloc par compagnonnage. On fait les choses “comme ça”, parce qu’on nous dit de faire “comme ça”. Le plus souvent, on est formé par des infirmières qui ne sont pas Ibode, elles-mêmes formées de la même façon. À nos questions, les réponses sont parfois approximatives et varient d’une personne à l’autre. » Grâce à la formation, la jeune infirmière se sent « légitime, plus efficace, et plus à même d’appréhender les temps opératoires et d’anticiper les besoins du chirurgien. » Et puis, l’école lui a permis « de comprendre pourquoi on doit faire les choses “comme ça” et pas autrement », ajoute-t-elle.

Courroie de transmission. Expérience et goût du partage de ce métier la désignent naturellement responsable des nouveaux arrivants du bloc et des étudiantes. Par ailleurs, Stéphanie Getenet fréquente de plus en plus les réseaux associatifs ou informels de la spécialité. « Les Ibode forment une communauté dynamique. On apprend aussi beaucoup de l’expérience des autres. C’est très important, notamment en termes de formation continue », constate-t-elle. En 2011, elle prend la tête de l’Association des infirmières de bloc opératoire de Midi-Pyrénées (AIBOMP)*. En 2012, elle part à Albi, où elle reprend sa fonction de tutrice tout en assurant tous les rôles de l’Ibode. « Transmettre » est un mot qui revient souvent dans le vocabulaire de l’infirmière. Elle prépare d’ailleurs le concours d’entrée à l’école des cadres, avec l’objectif de devenir formatrice en Ifsi. En cas d’échec, même si elle admet qu’avec les années les contraintes du métier – horaires décalés, gardes, astreintes et stress – sont plus difficiles à gérer, elle reprendrait malgré tout « avec plaisir le chemin du bloc. »

* aibomp@gmail.com

MOMENTS CLÉS

1998 Obtient son DE et entre au bloc de l’hôpital Laennec, à Paris.

2001 Quitte l’AP-HP pour le centre hospitalier de Montauban (82).

2007 Obtient son diplôme d’Ibode au CHU de Toulouse (31).

2011 Devient présidente de l’Association des infirmières de bloc de Midi-Pyrénées (AIBOMP).

2012 Rejoint le centre hospitalier d’Albi.

2015 Prépare le concours de l’école des cadres.

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