Ce documentaire aborde sans détour la vieillesse, la dépendance et l’isolement. Les personnes âgées sont malades ou abîmées, mais toujours pleines de vie. Qui s’en soucie, dans notre société jeuniste ? Eh bien, Françoise ! Agrippée àsa trottinette, cette infirmière pleine d’aplomb zigzague d’appartements en loges, de chevets en coins cuisine. Ses patients sont suspendus à ses lèvres : un mot, un éclat de rire et la vie recommence… Car avec cette soignante atypique, chacun retrouve le fil ténu qui le relie au monde, à l’estime de soi. Cela dure un instant, le temps d’un soin : « Je l’appelle l’étoile filante, ça lui va bien, l’étoile filante… », s’amuse une de ses patientes quasi centenaire. Humour, complicité et tendresse s’invitent chez toutes ces personnes dépendantes, dont la toilette, le repas ou le coucher attendent un coup de sonnette ou un tour de clé dans la porte pour que surgisse Françoise, les lunettes en équilibre au milieu du nez, toujours en retard, toujours en forme ! « Je suis comme un paysan, je travaille tous les jours, mais je prends mon temps », confie-t-elle, croquant ici dans une poire, partageant là un repas avec un couple d’octogénaires, mais toujours convaincue de l’importance, précieuse, de pouvoir aller au bout de sa vie chez soi : « Moi, j’aime quand ils meurent chez eux », assène-t-elle sans pathos. Si son dévouement est à l’aune de son humanité, Françoise n’en reste pas moins franche, parfois cassante. « Allez, hop ! » répète à l’envi cette ambassadrice des soins à domicile, il faut retrouver un lien intergénérationnel et « réussir la vieillesse des gens ».
La Vie des Gens, film d’Olivier Ducray, 1 h 25, en salles le 4 mars.