L e 14 mars, jour de la constitution officielle du Collège infirmier français (CIF), restera assurément une date marquante dans l’histoire de la profession. Pas moins de dix-sept organisations représentatives ont, d’ores et déjà, rejoint cette toute nouvelle organisation. Puéricultrices, infirmières de cancérologie, de santé au travail, Iade, Ibode… sans oublier l’Oni, l’ensemble de la profession affiche une forte volonté de fédérer le monde infirmier. Cette large adhésion donne d’emblée une légitimité (historique !) à la nouvelle instance qui se dit fermement décidée à « devenir l’interlocutrice des autorités publiques en matière de santé », au même titre que tous les autres professionnels de la santé. La prise de position sur les pratiques avancées, qui marque son entrée dans l’arène politique, donne aussitôt le ton. Elle est doublement symbolique. Pas d’effet d’annonce insipide, non, mais une lettre bien ciblée, adressée à Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, dans laquelle les membres du CIF s’élèvent contre le risque, dans le projet de loi de santé, de réduire les pratiques avancées aux « seules délégations de tâches médicales »… pour répondre aux inquiétudes des médecins. Avec cette première action, la profession infirmière entend bien (ré) affirmer son autonomie de pensée et d’action, et montrer qu’il n’est plus possible de se passer de son expertise si l’on prétend répondre aux enjeux de santé de demain. Finie l’époque où seule la voix du corps médical comptait, comme ce fut encore le cas au cours de la dernière réforme de santé au travail. Les 600 000 infirmiers que compte notre pays viennent de se donner les moyens d’avoir voix au chapitre.