FORMATION
CAS CLINIQUE
Un patient insuffisant cardiaque est accueilli en urgence suite à une rupture de son traitement. À cette occasion, on lui propose de suivre un programme d’éducation thérapeutique. Une prise en charge très indiquée dans le cas de pathologie chronique.
→ Monsieur S. 76 ans, est un coronarien stenté, hypertendu dont l’insuffisance cardiaque (IC) a été diagnostiquée il y a un an. Sa fraction d’éjection ventriculaire gauche est à 40 % (normale à 60 %). Devant l’apparition d’un œdème des membres inférieurs remontant jusqu’au genou et d’une dyspnée importante au moindre effort, son fils, inquiet, le fait hospitaliser.
→ Son traitement habituel comprend : bêtabloquant (Bisoprolol – Cardensiel 2,5 mg, 1 comprimé par jour); IEC (Triatec – Ramipril : 2,5 mg, 1 comprimé par jour) ; diurétique (Furosémide – Lasilix 40 mg le matin) ; antihypertenseur (Amlodipine – Amlor 10 mg, 1 comprimé le matin) ; antiagrégant plaquettaire (Aspirine – Kardégic 75, 1 sachet par jour) ; hypolipémiant (Atorvastatine – Tahor 40 mg, 1 comprimé par jour) ; protecteur gastrique (Esoméprazole – Inexium 20 mg le soir).
→ À l’arrivée aux urgences, sa tension artérielle est élevée (165 – 98 mmHg) et sa saturation en air ambiant à 90 %. La pesée montre une prise de poids de 6 kg par rapport à son poids de référence.
Sur le plan biologique, le BNP (Brain natriuretic peptide), marqueur d’étirement des myocytes cardiaques dont l’élévation signe l’IC aiguë, est à 811 pg/ml (norme < à 400 pg/ml), la CRP (protéine C réactive) est normale < 5 mg/l ; la créatinine est normale à 89 µmol/l ; le potassium à 4,8 mmol/l (limite haute) ; hémoglobine normale à 12,5 mg/l ; la troponine (marqueur de la nécrose cardiaque) est négative.
→ Diagnostic : le médecin diagnostique une décompensation cardiaque globale devant des signes d’IC droite (œdème des membres inférieurs), associés à un œdème aigu du poumon induit par la rupture thérapeutique et les écarts au régime peu salé.
Les informations recueillies auprès du patient révèlent que Monsieur S. est seul à son domicile depuis 5 jours car sa femme, qui gère ordinairement la prise de ses médicaments et surveille très attentivement son alimentation, vient de subir une petite intervention chirurgicale qui la tient éloignée du domicile. Quelque peu déboussolé par cette situation inhabituelle et craignant de commettre des erreurs de traitement, il a jugé préférable de ne pas prendre ses médicaments, à l’exception du sachet de Kardégic, facile à repérer, dont il se souvient que le cardiologue lui avait signifié qu’il ne fallait jamais l’arrêter. Par ailleurs, pour qu’il n’ait pas à se préoccuper de faire la cuisine, son fils lui a acheté des plats préparés et du sel de régime, sachant que son père a tendance à resaler les plats et risque de faire des écarts en l’absence de la vigilance de sa femme.
Suite à l’évolution rapidement favorable après une cure de diurétique intraveineuse et réintroduction de ses traitements habituels, le médecin décide de profiter de cette hospitalisation pour proposer d’inclure le patient dans un programme d’Éducation thérapeutique (ETP). Il demande à l’infirmière en charge de l’organisation des séances d’ETP spécifiques à l’insuffisant cardiaque de faire un point avec le patient. Objectif : tirer profit de cet épisode de décompensation pour identifier, avec le patient, les erreurs commises, améliorer sa connaissance de sa pathologie et des traitements qui lui sont prescrits et mettre en place les bons réflexes et pratiques pour éviter de nouvelles réhospitalisations. Il s’agit, en somme, d’aider le malade à se prendre en charge le plus correctement possible. Sa femme est sollicitée et d’accord pour participer aux séances d’ETP.