Dans son panorama 2014 des établissements de santé, la Drees
À de nombreux égards, l’infirmière est celle qui vit le plus mal ses conditions de travail à l’hôpital. Plusieurs facteurs sont en cause, notamment ceux relevant des risques psychosociaux (RPS). Quelque 72 % des IDE se sentent exploitées, contre 65 % de l’ensemble des salariés hospitaliers ; 18 % déclarent travailler continuellement sous pression, soit cinq points de plus que l’ensemble des salariés et dix de plus que les médecins. En 2013, 95 % des IDE et sages-femmes ont utilisé l’outil informatique dans le cadre de leur travail (contre 63 % en 2003). Ces professionnelles ont ainsi vu leur nombre d’heures quotidiennes d’utilisation de l’informatique croître en dix ans de 1 h 30 en moyenne, pour atteindre quelque 2 h 30. Si moins de salariés qu’auparavant (64 % contre 68 % en 2003) se plaignent de devoir toujours, ou souvent, se dépêcher, il n’en va pas de même côté IDE et sages-femmes : 77 % disent exercer en urgence. La moitié des infirmières admettent qu’il leur arrive de faire trop vite une opération qui demanderait bien davantage de soin.
En 2013, 70 % des salariés du secteur hospitalier confient travailler le samedi, 64 % le dimanche et 33 % la nuit. Par ailleurs, IDE et sages-femmes sont 14 % à déclarer des astreintes (10 % en 2003). Compte tenu de la complexité de la mise en place des plannings, 80 % d’entre elles indiquent que leurs horaires sont déterminés par l’établissement, sans possibilité de modification. Les tensions avec les collègues ou la hiérarchie ont certes diminué depuis 2003, mais les rapports tendus avec le public, eux, ont augmenté : 66 % des infirmières et sages-femmes sont concernées en 2013, contre 54 % dix ans auparavant.
S’agissant de l’environnement de travail, 46 % des salariés des établissements publics dénoncent au moins trois nuisances, contre 38 % dans le privé. C’était déjà sur cet aspect que les différences de conditions de travail entre agents du public et salariés du privé étaient les plus marquées en 2003, en faveur du privé.
Les cinq critères environnementaux les plus discriminants sont : la saleté, les mauvaises odeurs, les températures élevées, l’absence ou le mauvais état des sanitaires, et l’absence d’intimité. S’agissant des IDE, les écarts les plus criants concernent les mauvaises odeurs (63 % dans le public contre 55 % dans le privé), les courants d’air (30 % contre 27 %) et le fort mauvais état des sanitaires (11 % contre 6 %).
Le sentiment de fierté du travail bien fait est assez peu partagé dans le secteur hospitalier : seules 5 % des infirmières le ressentent, contre 11 % pour l’ensemble des salariés. Quant au sentiment général d’une quantité de travail excessive, il afflige l’ensemble des salariés, mais les IDE sont plus nombreuses (59 %) à l’exprimer. Les trois quarts d’entre elles disent, par exemple, « devoir penser à trop de choses à la fois ».
Autre source de RPS, le contact avec la souffrance d’autrui, qui est prégnant chez les aides-soignants, infirmières et médecins. Les personnels soignants sont les plus exposés aux exigences émotionnelles, en particulier les IDE. Un indicateur sans doute lié au fait que quatre personnes sur dix ne se sentent pas capables de poursuivre le même travail jusqu’à leur retraite ; il en va de même pour la moitié des aides-soignants et infirmières.
1- Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques.
En 2012, la France comptait quelque 306 905 ETP d’infirmières (spécialisées et secteur psychiatrique compris), en hausse de 2,6 % par rapport à 2011 : 229 326 dans les hôpitaux publics (+ 2,7 %), 43 980 dans les cliniques commerciales (+ 1,7 %) et 33 599 dans les établissements privés à but non lucratif (+ 2,9 %). Le salaire annuel moyen des professions non médicales est plus élevé dans le public. Les professions intermédiaires soignantes et sociales touchent en moyenne 27 740 € dans le public, 25 986 € dans le privé non lucratif et 25 707 € en secteur commercial.