Une centaine de centres hospitaliers, qui avaient souscrit des emprunts indexés sur le franc suisse (CHF), voient leurs dettes s’alourdir soudainement.
Tout a commencé bien loin du monde de la santé, à Berne. Le 15 janvier dernier, la Banque centrale suisse désarrime sa monnaie de l’euro. Depuis, le franc suisse (CHF) flotte librement : en une journée, il s’est apprécié de 15 %. Pas de quoi inquiéter les hôpitaux français, a priori. Sauf que ces derniers sont très endettés, et que parmi les emprunts qu’ils ont souscrits, quelques-uns sont indexés sur le cours de la monnaie helvétique. Si celle-ci grimpe, la facture s’alourdit. Certains établissements ont ainsi vu leurs taux d’intérêt exploser, dépassant parfois les 25 %.
Le coût de cette décision pour les centres hospitaliers français est estimé à 500 millions d’euros. Ils ne sont pas tous affectés de la même manière : ceux qui avaient diversifié leur politique d’emprunt sont moins touchés. Mais avec un niveau d’endettement global qui s’élevait déjà à 30 milliards d’euros, il s’agit d’un coup dur pour le secteur.
« Nous avons recensé une centaine d’établissements particulièrement atteints par cet événement », explique Emmanuel Goddat, directeur de la communication à la Fédération hospitalière de France (FHF). Parmi eux, figurent de grands CHU comme ceux de Nantes ou de Saint-Étienne. D’après la presse locale, ces deux hôpitaux devront respectivement essuyer des surcoûts de 1,5 et 2,5 millions d’euros. Des structures de dimensions plus modestes sont également concernées, comme le CH d’Arras, dont la dette a soudainement bondi de 700 000 euros.
Les emprunts appuyés sur le franc suisse étaient prétendument peu risqués et la devise helvétique réputée très stable, rappelle Emmanuel Goddat. C’est pourquoi la FHF a demandé et obtenu une compensation.
Afin de faire face à cette crise, les hôpitaux disposeront d’un fonds spécial, qui mettra les banques à contribution. En tout, ce sont 400 millions d’euros qui devraient être mobilisés pour venir en aide aux structures les plus touchées. Étant donné que la plupart avaient constitué des réserves, le fonds devrait leur permettre de traverser la tempête sans avoir à accentuer des plans d’économie qui les mettraient à plus rude épreuve encore. Il ne devrait donc pas y avoir de conséquences sur le plan social. « Mais le temps presse », avertit Emmanuel Goddat, et il est urgent que l’État traduise ses engagements dans la réalité.