La nouvelle loi de santé était censée permettre d’adapter le système de santé aux nombreux défis induits par l’évolution des besoins des patients. Comment décloisonner les missions des professionnels de santé et faire en sorte qu’ils renforcent la prévention, les droits des patients et amènent une meilleure organisation des soins de proximité ? Il était convenu de réfléchir collectivement à une réécriture des missions de chacun. Mais à la place de cette réflexion collégiale, nous avons assisté à des rebondissements désordonnés, à des mesures presque chaotiques. La plus navrante, un amendement, heureusement supprimé le 10 avril, qui prévoyait en effet que des actes de soins infirmiers pouvaient être délégués à des professionnels non diplômés dans les établissements et services médico-sociaux. Un mépris manifeste vis-à-vis des 596 000 professionnels devant faire face à des tentatives de délitement de leurs missions. Le vote, ensuite, pour la suppression de l’ONI, pourtant soutenu récemment par la ministre, établi par seulement une poignée de députés : 29 députés sur les 577, dont 19 voix pour et 10 contre. Cela au moment même de la création du Collège infirmier français, constitué de 17 organismes de la profession. Car si l’Ordre a connu des débuts difficiles, il commençait tout juste à gagner en légitimité, se posant comme garant des compétences, de la moralité. Il traite notamment les plaintes des patients, et entend exercer les missions de régulation et de protection de la profession. Pourtant, dans ce chaos, on peut saluer la proposition d’amendement de reconnaître l’infirmière de famille en exercice libéral comme infirmière référente. Une mesure qui doit permettre de structurer et de sécuriser le parcours de santé du patient, tout en valorisant le rôle infirmier.