L'infirmière Magazine n° 360 du 01/05/2015

 

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LAURE DE MONTALEMBERT  

Le rejet du contrat de retour à l’équilibre financier par la CME et les partenaires sociaux a entraîné la démission du directeur.

Face à un niveau d’endettement historique – 1 milliard d’euros –, les autorités de santé ont tenté d’imposer aux hôpitaux publics marseillais un contrat de retour à l’équilibre financier (Cref). Prévoyant 83 millions d’euros en 2018 (d’après Force ouvrière [FO]), il a entraîné une véritable bronca, amenant son directeur général à démissionner brutalement le 30 mars. Dans un communiqué de presse, la Commission médicale d’établissement (CME) et les chefs de pôles avaient indiqué « ne pas soutenir le projet du Cref ». Parmi les arguments avancés, « une baisse massive des effectifs soignants et médicaux », ainsi que l’absence de prise en compte des « démarches de modernisation de structures coûteuses et mal adaptées à l’évolution de l’activité médicale ». L’AP-HM aurait été encouragée à emprunter « massivement » pour ces dernières, dans le cadre des plans Hôpital 2007 et 2012.

Suppressions de postes

Le déficit a été évalué à 42 millions en 2013 et à 40 millions d’euros en 2014. FO, le syndicat le plus représentatif des agents hospitaliers de l’AP-HM, le chiffre plutôt à 77 millions d’euros. « Ils ont fait des jeux de lignes avec les comptes », affirme Audrey Jolibois, secrétaire générale, qui évoque un tour de prestidigitation avec les comptes épargne-temps. Pas de consensus non plus sur l’ampleur de la baisse des effectifs médicaux et soignants. Alors que la Commission médicale d’établissement avance 500 à 600 postes, chiffre démenti par le directeur, FO évalue leur nombre à 1 040 environ. « On divise le chiffre des économies prévues sur la masse salariale par le salaire moyen des agents », commente Audrey Jolibois.

Devant le tollé général provoqué par le Cref, Jean-Jacques Romatet, directeur général de l’AP-HM depuis janvier 2013, a jeté l’éponge. « Il faut que quelqu’un qui a une légitimité toute fraîche puisse le poursuivre et négocier avec les pouvoirs publics, car il y a une nécessité absolue que l’AP-HM signe ce contrat », a-t-il indiqué à l’APM.

Reconnaissant cependant que « le projet du Cref, dans son état actuel, a besoin d’être amendé », l’ancien directeur général ajoute que son départ est également lié à « des raisons personnelles et familiales ». C’est Catherine Geindre, précédemment directrice générale du CHU d’Amiens, qui a été choisie pour le remplacer. Réputée pour avoir fait sensiblement baisser le niveau d’endettement du CHU d’Amiens, pourra-t-elle faire de même à Marseille ? « Elle est connue comme une personne carrée. Nous espérons qu’elle va nous apporter un peu d’oxygène. Si elle est capable de changer les choses, tant mieux ! » commente Audrey Jolibois.

Catherine Geindre a pris ses fonctions le 7 avril. Son arrivée s’accompagne du lancement par la ministre de la Santé d’une mission de l’Inspection générale des affaires sociales.

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