Prévenir l’entrée en dépendance des aînés, voilà le mot d’ordre du troisième congrès sur la fragilité des personnes âgées, organisé à Paris les 12 et 13 mars. Un enjeu dont l’importance est mesurée, mais qui s’avère complexe à mettre en œuvre.
Notre système de soin peine à être dans une perspective de prévention » et doit encore faire des progrès en ce sens, a estimé Laurence Rossignol lors du congrès. À quelques jours de la présentation au Sénat de son projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement
Encore mal connu, ce concept vise à repérer chez la personne âgée une vulnérabilité pouvant la conduire à une dépendance dite « évitable ». Mais la question des critères retenus pour établir ce diagnostic est délicate. Les nombreuses grilles de dépistage sont rarement validées et peuvent donner des résultats très aléatoires. Celle que propose la Haute autorité de santé (HAS) a été mise au point par les équipes du Gérontopôle du CHU de Toulouse. Inspirée du phénotype de Fried, elle comporte six items : l’isolement social, la perte de poids, l’asthénie, la plainte mnésique, la faible vitesse et les difficultés à la marche. Une personne âgée sera considérée « fragile » dès lors qu’elle répond à au moins trois de ces critères.
Outre la question des outils, le repérage de la fragilité et son traitement demandent l’implication de tout le corps médical et une synergie des professionnels de santé de proximité. « Pas besoin d’un diplôme de docteur en médecine pour évaluer la fragilité, assure le Dr Bruno Fantino, professeur de santé publique à Angers. Les travailleurs sociaux ou toute autre personne du corps médical pourraient le faire. »
Une fois la fragilité repérée, la bonne observation des recommandations est extrêmement importante. Elle peut d’ailleurs faire l’objet d’un suivi par les établissements. « Appeler les patients un mois après leur consultation permet de donner des conseils complémentaires et pourrait éviter ou retarder une hospitalisation », a indiqué Matthieu Debray, gériatre à l’hôpital de jour d’Annecy. Le principal frein à ce type d’initiative est son caractère chronophage : « Il est donc nécessaire de cibler au mieux les personnes à suivre. »
Malgré les difficultés de mise en place, les hôpitaux sensibilisés au concept de fragilité l’intègrent à leur fonctionnement. « Un an après avoir étudié le repérage de la fragilité dans 14 hôpitaux de jour gériatriques
1- Le projet de loi a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale en septembre, puis par le Sénat le 19 mars. La loi devrait entrer en vigueur début 2016.
2- Seuls dix hôpitaux ont accepté de répondre à l’enquête.
Fruit de la collaboration entre des équipes de Nice, Paris, Toulouse, Montpellier ou encore Marseille, ce Livre blanc intitulé « Repérage et maintien de l’autonomie des personnes âgées fragiles » témoigne de la dynamique qui se met en place autour du concept de fragilité. Son but : faire le point sur les connaissances actuelles concernant le repérage des personnes âgées fragiles, les causes de cette fragilité et les moyens de prévenir la dépendance. L’étude se concentre notamment sur l’altération de l’état nutritionnel, sur la prescription d’activités physiques adaptées et sur les liens entre fragilité et grandes pathologies du sujet âgé (cancer, diabète, pathologies mentales, BPCO, etc.).
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