L’INVITÉ
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SUR LE WEB
J’ai été patiente. J’ai été aidante. J’ai été apprenante. J’ai croisé nombre d’aides-soignants. À l’hôpital, à domicile, en Ehpad… Des jeunes, des vieux, des souriants, des revêches, des bavards, des taciturnes, des brusques et des doux. J’ai rêvé de ressembler à l’une, je me suis jurée de ne jamais faire comme l’autre. J’ai observé, enregistré, interrogé.
On m’a parlé d’Humanitude, de Montessori, de Validation. Je me suis plongée dans les livres. J’ai recopié et surligné les mots « empathie », « bienveillance » et « respect ». J’en ai fait mes valeurs. J’ai appris à faire des gestes, des soins et des transmissions. J’ai hésité, tâtonné, recommencé. J’ai découvert les équipes. Qui fait quoi, quand, comment, pourquoi, avec qui ? Maintenant, je suis aide-soignante. Diplôme en poche et certitudes dans la caboche, je me suis lancée à la conquête du monde… euh, des Ehpad. Je veux travailler avec des personnes âgées, c’est une certitude. Je me suis confrontée aux services et aux équipes. Et j’ai parfois (souvent ?) cette désagréable impression de ne plus rien savoir. Ce que j’ai appris, j’essaie de le mettre en pratique. Mais ça n’est pas si simple. Les belles valeurs que je défendais sont parfois mises à mal par la dure réalité du quotidien. « Empathie », « bienveillance » et « respect » ne sont pas que des mots. C’est un art de faire. Même quand on est fatigué, qu’on n’a pas le temps, qu’on n’a pas envie. Alors j’apprends encore, ce que l’école ne m’a pas appris. J’apprends de mes erreurs. De l’équipe. Je demande un peu de tout à un peu tout le monde. Dans les équipes pluridisciplinaires, on trouve toujours quelqu’un qui a la réponse appropriée. Et quand ça ne suffit pas, je demande ailleurs… Sur les réseaux sociaux, on trouve plein de soignants désireux d’échanger : médecins, infirmiers, aides-soignants, mais aussi sages-femmes, kinés, psychologues… Une grande équipe avec laquelle partager nos doutes, nos réflexions. On pose des questions, on répond à d’autres. On apprend les uns des autres… et on progresse. Je découvre des techniques et des approches différentes. Ailleurs, les références ne sont pas les mêmes. Pour un même diplôme, les apprentissages que je croyais communs ne le sont pas toujours. Alors, au lieu de prêcher chacun pour notre paroisse, on part à la rencontre des autres. J’explique mon quotidien d’AS et je découvre celui d’autres soignants. Finalement, je me retrouve apprenante et enseignante.