L'infirmière Magazine n° 360 du 01/05/2015

 

CANCÉROLOGIE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

FRANÇOISE VLAEMŸNCK  

Les 18e Rencontres des infirmières en oncologie ont eu lieu à Paris le 21 mars. L’occasion pour les 800 IDE présentes de découvrir les nouveautés en termes de prise en charge.

Alors que l’éducation thérapeutique du patient (ETP) est inscrite dans le code de la santé publique depuis la loi HPST de 2009, les équipes qui travaillent à l’élaboration de ces projets ne sont pas toujours soutenues dans leur mission. Entre manque de moyens et absence de temps dédié, elles doivent parfois trouver des ressources en dehors de leur établissement pour concrétiser leur programme d’accompagnement du parcours patient. Une situation à laquelle deux équipes pluri-professionnelles des Centres de lutte contre le cancer (CLCC) de Rennes et de Caen étaient confrontées, alors même que leur programme d’ETP avait reçu la bénédiction de l’ARS. Grâce au soutien d’un laboratoire pharmaceutique qui les a fait se rencontrer et a financé leur projet et la création de l’outil, elles ont pu donner naissance à Jepeto, le « Jeu éducatif sur la prévention des effets indésirables des thérapies ciblées orales ». Présenté aux 18e RIO(1), leur poster a remporté le premier prix(2).

Kezako Jepeto ?

« Dès la première rencontre, nous étions d’accord pour créer un outil ludique. Le jeu de cartes s’est imposé », explique Amel M’Sadek, IDE au CLCC de Rennes. Et pour que soignants et patients parlent un même langage, les équipes ont planché sur un lexique commun. Depuis juillet dernier, les IDE des deux centres proposent à des patients reçus en consultation de suivi, un mois après le début du traitement, de s’appuyer sur Jepeto pour les aider à mieux vivre le traitement et la maladie. « Nous avons identifié une demi-douzaine de situations (toilette, troubles du goût, départ en week-end/vacances…) qui peuvent les mettre en difficulté au cours de la chimiothérapie. Celles-ci sont ensuite déclinées via une quinzaine de cartes, détaille l’IDE. Au regard des difficultés identifiées, nous suggérons au patient de travailler sur tel ou tel item, mais c’est lui qui choisit la situation qu’il souhaite aborder. Au cours de l’atelier, qui dure une quinzaine de minutes, nous isolons les actions qu’il fait et celles qu’il ne fait pas. On s’appuie ensuite sur ce bilan pour faire passer des messages éducatifs. » L’outil a été bien accueilli par les patients. Une évaluation devrait être mise en œuvre dans quelques mois. En juin, les deux équipes ont prévu de se réunir à nouveau pour échanger sur leur expérience. Elles envisagent déjà de travailler sur de nouveaux outils.

Plus de confort pour tous

Les pratiques évoluent également devant les nouvelles formes galéniques de certaines chimiothérapies. C’est le cas à l’hôpital de jour (HDJ) de l’Institut de cancérologie de Lorraine, à Vandrœuvre-lès-Nancy, où 30 % des patientes prises en charge pour un cancer du sein reçoivent, en monothérapie ou en association avec d’autres molécules, leur traitement par injection sous-cutanée (ISC), en lieu et place de l’intraveineuse (IV), via un cathéter central. La molécule en question, Herceptin, est « passée » par une IDE en moins de 5 minutes, contre 90 en IV. Et même si le temps de surveillance reste de deux heures, quel que soit le protocole, tous se disent satisfaits du confort que procure l’ISC. « La procédure répond aux règles de bonnes pratiques, mais elle est moins complexe à mettre en œuvre et diminue le risque infectieux, explique Stéphanie Royer, cadre de santé. Les modalités de reconstitution sont simplifiées et le flacon peut être préparé 48 heures avant la venue de la patiente ; elle peut donc être prise en charge dès son arrivée. Enfin, étant de type dose/poids, la préparation est plus simple à coter en T2A que celle en IV et, outre le gain de temps à l’injection, nous faisons aussi des économies sur les consommables. »

L’utilisation de l’Herceptin a soulevé plusieurs questions en termes d’organisation, notamment pour savoir si ces patientes devaient faire l’objet d’une prise en charge particulière et si des IDE devaient y être dédiées. Finalement, l’équipe a décidé de ne pas trop brusquer les habitudes des uns et des autres. Mais les pratiques pourraient évoluer, car l’Herceptin semble de plus en plus prescrite.

1- Les Rencontres des infirmières en oncologie sont organisées par l’Association des infirmières en cancérologie (Afic).

2- Remis par Sylvie Gervaise, directrice des rédactions infirmières, au nom d’Initiatives Santé, éditeur de L’Infirmière Magazine.

RECHERCHE

L’Afic offre une bourse

L’Association française des infirmières en cancérologie (Afic) lance une bourse réservée aux IDE travaillant auprès de patients cancéreux. Dotée de 10 000 euros, « Recherche en soins infirmiers en cancérologie R.S.I.C. 2016 » financera des travaux de recherche qui fourniront « des connaissances fondées sur des bases scientifiquement validées pour contribuer à l’amélioration continue de la qualité des soins délivrés par les infirmier (e) s et d’améliorer les pratiques en cancérologie ».

Plus d’infos sur afic-asso.org

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