Un an après, MSF dresse un premier bilan de sa lutte contre la plus meurtrière des épidémies d’Ebola. L’ONG incrimine l’inaction de la communauté internationale.
Quatorze mars 2014. Le Dr Esther Sterk, du bureau Médecins sans frontières (MSF) de Genève, apprend que le ministère de la Santé guinéen fait état d’une mystérieuse maladie. C’est le début d’une « année tristement exceptionnelle » : au moins 24 000 personnes ont été infectées par le virus Ebola, qui a ravagé la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Plus de 10 000 d’entre elles ont perdu la vie, dont 500 soignants. Dès le départ, cette épidémie présentait pour MSF « la conjonction parfaite de phénomènes destructeurs », pointe Christopher Stokes, son directeur : « Une épidémie transfrontalière dans des pays avec des systèmes de santé publique fragiles, qui n’avaient jamais été confrontés au virus. »
Mais, pour qu’elle « devienne à ce point incontrôlable, il fallait que de nombreuses institutions échouent ».
Pour MSF, l’Organisation mondiale de la santé n’a pas assumé le leadership face à l’épidémie, laissant à l’ONG le soin « de se charger intégralement de la réponse ». Les gouvernements de Guinée et de Sierra Leone « ont été réticents à admettre la gravité de l’épidémie ». Quant aux pays développés, ils n’ont apporté leur soutien qu’à la fin de l’été, lorsqu’ils ont réalisé que le virus pouvait « traverser l’océan »
1- En août, deux humanitaires américains infectés sont rapatriés ; en octobre, deux infirmières américaines et une infirmière espagnole sont contaminées hors d’Afrique.
2- Elle est déclarée au bout d’une période de 42 jours sans nouveau malade.