LA CATÉGORIE A LOIN DU COMPTE - L'Infirmière Magazine n° 363 du 01/09/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 363 du 01/09/2015

 

SALAIRES

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FOCUS

CAROLINE COQ-CHODORGE  

Suite à la réforme des retraites de 2010, la revalorisation salariale promise aux IDE qui ont choisi la catégorie sédentaire est loin d’être à la hauteur.

Travailler plus ou gagner moins. C’est le choix qu’ont dû faire les IDE et cadres de santé de la fonction publique hospitalière, suite à la réforme des retraites de 2010. Plus de la moitié d’entre elles(1) ont accepté d’intégrer la catégorie sédentaire et de repousser à 60 ans l’âge légal de départ à la retraite, en échange d’une revalorisation salariale étalée sur cinq ans. Au 1er juillet 2015, les gains cumulés vont, pour les IDE de soins généraux, de 32 à 134 € brut par mois ; les Ibode et les puéricultrices bénéficient d’une hausse de salaire comprise entre 41 et 212 € ; les Iade gagnent de 56 à 199 € ; les cadres de santé totalisent de 91 à 291 € de plus.

Des chiffres en trompe-l’œil, selon les syndicats infirmiers. « Le gain est nettement minoré par la hausse des cotisations retraite », pointe Éric Audouy, vice-président de la Coordination nationale des infirmières. Les réformes de 2010 et de 2013 se sont en effet traduites par un alignement progressif du taux de cotisation sur le secteur privé : fixé cette année à 9,54 %, le taux de cotisation retraite des fonctionnaires s’élèvera à 11,10 % en 2020, contre 7,85 % avant 2011.

Hausse des cotisations

Et ce n’est pas tout. En juin, la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a annoncé la suppression de l’indemnité exceptionnelle de compensation de CSG (IECSG), versée à près de 960 000 agents. Instituée en 1998(2), elle est devenue « inéquitable », selon la ministre, puisqu’elle ne bénéficie qu’aux agents recrutés avant cette date. Mais, pour les IDE, cette indemnité peut représenter jusqu’à 75 € brut par mois, indique le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC). Sa suppression interviendra au prochain avancement de l’agent. « Au 1er juillet, nous avons bien eu une augmentation, mais lors de l’augmentation suivante, la revalorisation sera neutralisée par la suppression de l’IECSG », déplore le SNPI.

Prenons le cas d’une IDE de catégorie A, grade 2, échelon 9. Au 1er juillet 2015, son traitement s’éleve à 2 555,76 € brut mensuels ; c’est 83,34 € de plus que le traitement final de l’ancienne catégorie B. Mais si l’on tient compte de la hausse des cotisations retraite depuis 2010, ce gain mensuel est en fait réduit à 40,15 €. En 2016, à l’échelon 10, elle devrait toucher 2 676,14 €. Une hausse de salaire diminuée par la perte de l’IECSG (17,25 € par mois) et par une nouvelle augmentation du taux de cotisation retraite (9,94 %). Le gain mensuel par rapport à 2010 sera alors de 130,54 € en 2016, bien en deçà des 203,72 € annoncés lors du droit d’option.

1- 52,3 % des IDE de soins généraux et 54 % des IDE spécialisées.

2- L’IECSG compensait la baisse de salaire des fonctionnaires en poste lors de la substitution de la CSG à la cotisation salariée d’assurance maladie : leurs primes et indemnités n’étaient pas comptabilisées dans l’assiette Sécurité sociale, mais elles le sont dans la CSG.

FONCTION PUBLIQUE

Embellie en 2016 ?

Les syndicats représentatifs de la Fonction publique ont jusqu’au 30 septembre pour se prononcer sur le protocole d’accord relatif à la « modernisation des parcours professionnels, des carrières et des rémunérations ». Il prévoit une revalorisation indiciaire, mise en œuvre entre 2016 et 2020. Les IDE de catégorie B verraient les bornes de leur grille portées aux indices majorés 356 et 587 (contre 327 et 562). La revalorisation des IDE de catégorie A fera l’objet d’une concertation au 1er semestre 2016.