PLUS DE PEUR QUE DE MAL ? - L'Infirmière Magazine n° 363 du 01/09/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 363 du 01/09/2015

 

PÉDIATRIE

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SALON INFIRMIER

MARIE-CAPUCINE DISS  

Présentée au Salon infirmier, une nouvelle échelle de leur peur par les enfants est en cours d’élaboration à Limoges.

La recherche à proprement parler va démarrer début 2016. Stéphanie Thurillet, puéricultrice aux urgences pédiatriques de Limoges, va évaluer la validité d’un “trouillomètre”, une échelle d’auto-évaluation de la peur, dans le cadre du programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP). « Pour une bonne prise en charge, il est important de pouvoir dissocier la douleur de la peur, explique l’infirmière-chercheuse. Ces deux émotions, qui jouent l’une sur l’autre, s’expriment dans la même zone du cerveau. On peut facilement les confondre. »

Pour l’élaboration de cette échelle, l’IDE s’est appuyée sur un premier projet conçu par une ancienne collègue, et sur la méthodologie employée pour construire au début des années 90 l’échelle de Bieri, ou FPS (Face Pain Scale). Cette échelle d’évaluation de la douleur, réactualisée en 2001, présente six visages aux expressions graduées, tout comme l’échelle d’évaluation de la peur qui va être testée à Limoges. Les 423 enfants qui vont participer à l’étude sont répartis en trois classes d’âges : de 4 à 6 ans, de 7 à 9 ans et de 10 à 12 ans.

Cinq écoles sélectionnées

Cette recherche présente l’originalité d’être essentiellement menée en milieu scolaire. Un choix qui s’est rapidement imposé pour Stéphanie Thurillet : « Au centre d’investigation clinique, il n’était pas possible de travailler avec des enfants. De plus, il était important de réaliser l’étude dans un environnement neutre, pour éviter une part d’angoisse ou de peur inconscientes et ne pas fausser les scores. » Cinq écoles ont été sélectionnées, en milieu urbain et rural, afin de constituer un échantillon de population le plus large possible.

Les cinq premières étapes de l’étude viseront, à travers divers jeux et manipulations, à discerner si les expressions de peur des visages figurant sur l’échelle sont bien reconnaissables et si les nuances entre chaque degré d’émotion sont bien perceptibles et graduées. La dernière étape aura lieu en milieu hospitalier et visera à évaluer le degré de peur de l’enfant quand il se présente à l’accueil de l’établissement. Si les résultats de cette recherche s’avèrent positifs, Stéphanie Thurillet espère diffuser cette échelle, validée scientifiquement, dans les services de pédiatrie des établissements hospitaliers. Et de former ce vœu : « Quand un enfant atteindra un score de 4 sur 10, il ne sera pas possible de fermer les yeux et le soignant devra prendre en compte ce résultat dans sa prise en charge. »