INFIRMIÈRES RESSOURCES DOULEUR
DOSSIER
En consultation ou en centre, les « infirmières ressources douleur » s’attachent à soulager les douleurs des patients, qu’elles soient chroniques ou non, par le biais de méthodes innovantes.
Preuve d’un changement radical de la culture médicale : la douleur n’est plus désormais considérée seulement comme un symptôme, elle est traitée comme une pathologie à part entière et fait l’objet d’une consultation en soi. Les structures spécialisées dans la douleur chronique sont aujourd’hui au nombre de 245 dans toute la France. Elles sont référencées par les Agences régionales de santé (ARS) qui distinguent deux types de structures : les consultations et les centres. Dans les deux cas, la pluridisciplinarité est au cœur de la pratique. Ainsi, un patient sera pris en charge par un médecin, une infirmière et un psychologue. Dans les centres, neurologue, psychiatre ou orthopédiste, par exemple, peuvent également y participer. Quel que soit le lieu, ces professionnels interviennent aussi une grande partie de leur temps au sein même des services de l’hôpital.
Dans les deux cas aussi, les IDE qui y exercent sont spécialement formées à la douleur : ce sont les « infirmières ressources douleur ». « Les soignants qui exercent dans ce domaine ont généralement une très bonne identité professionnelle et savent où ils vont même si ces structures restent fragiles », souligne Pascale Thibaut, cadre infirmier, fondatrice et responsable pédagogique de Amaé-Santé. Professionnelles expérimentées, elles ont été confrontées à la douleur tout au long de leur carrière, notamment en cancérologie, en gériatrie ou en anesthésie. Une riche et longue expérience complétée par un DU douleur et parfois couplé à un DU soins palliatifs et à d’autres formations, en hypnose par exemple. Isabelle Jublin est infirmière ressource douleur à l’Hôpital européen Georges Pompidou (75) depuis une quinzaine d’années : « Lorsque nous intervenons à l’intérieur de l’établissement, nous ne sommes pas là pour soulager la douleur en première intention mais nous sommes appelés quand une situation douloureuse déjà pris en charge ne trouve pas de solution », explique-t-elle. Un numéro d’appel dédié permet aux services de l’hôpital de contacter l’équipe. En consultation, l’équipe peut aussi recevoir un patient avant une intervention en chirurgie ou un geste invasif en cancérologie.
Muriel Perriot exerce, elle, au sein de la consultation pluridisciplinaire de la douleur du CH de Châteauroux, la seule du département. « Notre traitons tous les champs des pathologies douloureuses qui nous sont adressées, raconte-t-elle. Les consultations se font d’abord avec le médecin qui oriente ensuite le patient vers le psychologue ou l’infirmière par exemple pour de la neurostimulation ou des séances d’hypnose. » Pour la neurostimulation, le but est de rendre le patient autonome dans l’utilisation de l’appareil. « Le premier entretien dure une heure, détaille Muriel Perriot. Je revois ensuite les patients à trois semaines pour réévaluer la douleur et ensuite à deux ou quatre mois selon leurs besoins. » Au CH de Verdun, Laurent Mathieu, infirmier anesthésiste de formation, recourt beaucoup à l’hypnose dans ses consultations infirmières auprès de douloureux chroniques. « C’est un très bel outil qui a vraiment bouleversé ma façon de voir les choses, développe cet infirmier. On est très souvent des catalyseurs d’une nouvelle démarche pour le patient. Mais prendre en charge la douleur chronique implique aussi de s’intéresser aux conséquences familiales et sociales de la douleur pour le patient. C’est un domaine où on utilise l’ensemble de nos champs de compétence au sens du modèle bio-psycho-social. » Pour leur part, les infirmières « référentes » douleur qui travaillent dans les services ont davantage une mission de relai de l’information entre les services et les Clud ou les structures de lutte contre la douleur de leur établissement, à l’image des référents hygiène par exemple.