L'infirmière Magazine n° 364 du 01/10/2015

 

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Trop souvent, la relation soignant-soigné est perçue par ce dernier comme une relation d’aide. Ou pire : de dominant-dominé. Certes, être hospitalisé est angoissant pour le patient, qui perd ses repères et peut devenir dépendant d’inconnus qui s’immiscent dans son intimité. Psychologiquement, les conséquences peuvent être importantes : honte, perte de l’estime de soi. Parfois, j’entends dire: “Vous venez laver le gros bébé” ou encore “Je vous donne beaucoup de travail”. Le patient perçoit le soin comme une contrainte que le soignant et lui même subissent.

Notre rôle est d’aider le patient à maintenir sa propreté, à satisfaire ses besoins d’uriner, d’éliminer lorsqu’il ne peut pas le faire seul. Pour autant, il ne s’agit pas de se substituer à lui (en dehors des cas extrêmes de dépendance), mais £de l’accompagner vers le retour à l’autonomie. Cela commence par lui redonner la responsabilité de son propre corps en lui laissant lui-même laver les zones qu’il peut atteindre. Cette étape est difficile pour certains patients, notamment les plus âgés, qui trouvent parfois plus simple d’alimenter la dépendance. Alors, la toilette n’est plus un soin, mais une pièce composant l’engrenage de la grabatisation. Même s’il est tentant pour le soignant de tout faire lui-même pour aller plus vite, il est vital de faire du patient un partenaire de soin. Car la guérison ne dépend pas seulement des traitements. Des gestes aussi simples que faire sa toilette seul, même en partie, permettent au patient de revenir à la vie normale.