Les textes encadrant la formation des ostéopathes ont été réécrits en concertation avec la profession, consciente d’une véritable dérive.
Les étudiants en ostéopathie vivent une rentrée mouvementée. Pour cause, 14 des 37 écoles françaises d’ostéopathie n’ont pas obtenu leur agrément. « C’est une réforme juste et impartiale, se félicite pourtant Pierre-Adrien Liot, vice-président de la Fédération des étudiants en ostéopathie (Fédeo). L’ensemble de la profession a été consultée, avec un objectif : former des ostéopathes compétents. » La situation était en effet préoccupante. En 2010, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) relève qu’il existe 45 établissements privés, aux formations toutes très chères (7 000 à 8 000 € par an), mais très hétérogènes. Thibault Dubois, porte-parole du Syndicat français des ostéopathes (SFDO), parle d’une « véritable dérive : les heures d’enseignement variaient du simple au double, des étudiants de 5e année enseignaient parfois aux 4e année, certaines écoles n’avaient même pas de locaux permanents et délivraient leurs enseignements dans les hôtels ».
Pour l’Igas, la « fragilité juridique » des textes encadrant l’agrément était au cœur du problème. Un nouveau décret est donc paru en 2014 : une commission nationale consultative d’agrément, composée pour moitié de professionnels issus des organisations représentatives, et pour moitié par l’administration, est désormais chargée d’évaluer les dossiers des écoles qui demandent un agrément. La première s’est réunie cette année et ses avis ont globalement été suivis par la ministre de la Santé. « Il n’y a aucune volonté de régulation démographique. Si les 37 écoles avaient satisfait les critères requis, toutes auraient obtenu l’agrément », assure Thibault Dubois. La liste des 23 écoles agréées est parue le 9 juillet au Journal officiel. Depuis, les recalés se livrent à une bataille juridique pour contester ces décisions et conserver leurs étudiants. Pierre-Adrien Liot s’alarme : « Si l’agrément est une nouvelle fois refusé à une école l’année prochaine, les étudiants auront payé pour rien : leur année ne sera pas validée. ».