Après avoir racheté le Daraprim, principal traitement contre la toxoplasmose prescrit notamment aux personnes atteintes du VIH, une start-up en a augmenté le prix de façon spectaculaire.
L’affaire a fait scandale aux États-Unis. Le Daraprim, un médicament contre la toxoplasmose, est passé de 13,5 $ à 750 $ (de 12 € à 675 €) le comprimé du jour au lendemain. Cette molécule est communément prescrite depuis 60 ans aux personnes pour qui la toxoplasmose peut présenter des risques sévères, notamment les patients atteints du VIH ou d’un cancer. Après avoir racheté les droits de propriété du médicament en août, le laboratoire Turing en a immédiatement augmenté le prix de 5 455 %. La start-up a pour particularité d’optimiser la valeur de molécules anciennes, qui sont souvent en situation de monopole. Martin Shkreli, son directeur général et fondateur, s’est expliqué : « Cette hausse se justifie par le petit nombre de patients concernés et par la nécessité de trouver des fonds pour la recherche de nouveaux traitements, avec moins d’effets secondaires. »
Un argument difficile à entendre pour le Dr Wendy Armstrong, professeur d’infectiologie à Atlanta. « Je ne crois vraiment pas que ce soit l’une des pathologies pour lesquelles nous demandons de meilleurs traitements », s’est-elle exclamée.
Il y a quelques années, le comprimé, inventé par GSK, était vendu autour d’un dollar. Des rachats successifs en ont peu à peu augmenté le prix. Dans une lettre commune à Martin Shkreli, la société américaine de maladies infectieuses et l’association HIV Medicine ont condamné « une hausse injustifiable pour les patients vulnérables et impossible à assumer pour le système de santé ». Hillary Clinton, candidate à la primaire démocrate, s’est indignée de ce prix « abusif ». Devant ce tollé, Martin Shkreli a accepté de faire machine arrière, mais le nouveau prix du Daraprim n’a pas encore été annoncé.