Près de trente ans après la naissance de la discipline aux États-Unis, la formation de comédien clown en établissement de soins vient d’être reconnue par l’État français. Son enregistrement au répertoire des certifications professionnelles est paru au Journal officiel cet été. Une reconnaissance à laquelle les clowns en activité pourront accéder via la VAE.
Dans l’Hexagone, c’est l’association Le Rire médecin(1) qui a été à l’origine des premières interventions de clowns professionnels dans les hôpitaux, dès 1991. Mais ce n’est qu’en 2011 qu’est né son institut de formation, à destination des comédiens professionnels souhaitant se spécialiser. En quatre ans, une cinquantaine d’entre eux ont déjà été formés. « Pendant cinq mois, des soignants leur apprennent les spécificités de l’hôpital, afin qu’ils soient justes par rapport aux enfants qu’ils vont rencontrer, explique Marc Avelot, le directeur de l’association. Ils doivent comprendre facilement les transmissions effectuées par les soignants quand ils arrivent dans le service : il est important de connaître la pathologie de l’enfant afin de ne pas commettre d’impair, tant sur le plan physique que psychologique. Certains médicaments ralentissent la cognition de l’enfant, il ne faut donc pas aller trop vite ! Ils doivent aussi respecter les règles d’hygiène et la hiérarchie médicale, savoir où sont les limites. »
Et la gériatrie ?
Pour Marc Avelot, la reconnaissance de la formation est surtout « un outil d’essaimage formidable. On voulait qu’un maximum d’enfants aient la possibilité d’avoir un bon clown face à eux ». « Attention, la certification est un gage de qualité, mais elle ne suffit pas à garantir un clown compétent », tempère Mathilde Haegel, fondatrice de l’association La Vie en clown(2). Cette ancienne IDE a quitté le métier il y a vingt ans pour se lancer dans le théâtre, avant de revenir vers le soin via des interventions de clown en structures pour adultes, notamment en Ehpad. « J’ai la vocation, rigole-t-elle. J’ai envie de contribuer à ce que les gens aillent mieux. » Outre ses stages de clown, son expérience d’infirmière l’aide dans le rela?tionnel avec son public. « Mais on apprend tout au long de notre carrière, précise-t-elle. J’ai par exemple suivi une formation sur les démences et l’association apprend aux clowns qu’elle recrute à adapter leur jeu aux personnes âgées. »
Pour elle, la formation du Rire médecin méritait d’être reconnue : « Elle donne conscience de la réalité du milieu hospitalier et de l’importance de travailler en lien avec les soignants. » Elle note tout de même qu’elle ne concerne pour l’instant que la pédiatrie. « Il faudrait l’équivalent en gériatrie, et pourquoi pas dans d’autres spécialités émergentes. C’est une réflexion que nous souhaitons porter au sein de la Fédération française des associations des clowns hospitaliers. »
1- leriremedecin.org
2- lavieenclown.asso.fr