L'infirmière Magazine n° 365 du 01/11/2015

 

FORMATION

BONNES PRATIQUES

SOPHIE KOMAROFF  

« J’ai appris à prendre sur moi »

BLANCHE ANCIENNE ESI DE L’IFSI VILLENEUVE-SAINT-GEORGES, DIPLÔMÉE EN JUILLET 2015, IDE À L’HÔPITAL NECKER

« Le fait qu’un stage se passe bien ou non dépend beaucoup du terrain de stage. La majorité des IDE qui m’ont encadrée étaient motivées et bienveillantes : j’étais à l’aise, le climat était favorable à l’apprentissage. En effet, je n’avais pas peur de solliciter le professionnel pour revoir un soin, s’en faire expliquer un autre, etc. J’ai ainsi pu m’exprimer et trouver ma place, faire valoir mes compétences et aussi, poser des questions. Dans ce climat de confiance, j’ai réussi à faire des choses dont je ne me serais pas crue capable. J’ai beaucoup appris sur moi-même.

Mais lors de certains stages, j’ai rencontré davantage de difficultés. Accueillir un étudiant ne consiste pas seulement à lui remettre le livret du stagiaire. La gestuelle, le comportement, la façon de parler sont également importants et certaines attitudes sont parfois déstabilisantes.

Il m’est arrivé d’avoir des difficultés à gérer, je n’osais plus rien faire, j’appréhendais…

J’ai donc appris à prendre sur moi. L’envie d’obtenir le diplôme dépasse le sentiment ressenti à l’instant présent. Il faut également apprendre à faire un peu d’introspection et s’interroger sur ce que l’on renvoie aux autres. J’ai sûrement ma part de responsabilité. Je garde un sentiment mitigé par rapport à mon parcours, car j’ai parfois ressenti une usure psychologique.

En tant que professionnelle, je m’efforcerai d’être humble et de me souvenir de ce que j’ai vécu en stage quand je devrai encadrer des ESI. »

« La difficulté consiste à trouver sa place »

JULIE ANCIENNE ESI DE L’IFSI VILLENEUVE-SAINT-GEORGES, DIPLÔMÉE DEPUIS JUILLET 2015

« Les stages permettent de se confronter à la réalité du terrain. Avant d’être ESI, je ne me rendais pas forcément compte des aspects d’organisation des équipes, de fonctionnement de l’hôpital, etc. Un de mes stages s’est déroulé dans un service assez lourd en termes de prises en charge, avec des patients qui présentaient des plaies importantes, des infections, etc. J’y ai rencontré une IDE avec laquelle ça ne s’est pas très bien passé. Elle soupirait lorsque je posais des questions et si je demandais à l’accompagner lors des soins, elle marmonnait qu’elle n’avait pas envie d’avoir une élève dans les pattes. Je me suis dit qu’il ne fallait pas généraliser et je me suis projetée dans le stage suivant : ça m’a aidée à tenir. Le positionnement de l’IDE encadrant garde néanmoins une grande importance pour l’ESI. La difficulté pour le stagiaire consiste à trouver sa place. Professionnellement, c’est assez facile, dès lors que l’on respecte le travail de chacun. C’est plus délicat lors des pauses, lorsque chacun commence à parler de sa vie. L’ESI qui ne participe pas peut être perçu comme une personne qui ne souhaite pas s’intégrer et celui qui parle trop se voit reprocher de ne pas rester à sa place de stagiaire. L’encadrement des IDE a été primordial dans ma progression professionnelle et psychologique. J’ai beaucoup appris à travers eux et cela m’a permis de créer mon identité professionnelle. J’ai particulièrement apprécié en tant que stagiaire de bénéficier de debriefing à part et de ne pas être reprise devant le patient. C’est la relation vis-à-vis de ce dernier et pour la confiance en soi. »

« Je ne garde que les souvenirs positifs »

NICOLAS ÉTUDIANT DE 3E ANNÉE, IFSI VILLENEUVE-SAINT-GEORGES

« Le parcours de stage est formateur, car être infirmier est un métier à haute responsabilité. Une pression s’installe, car nous sommes face à des patients et non à des objets. Il faut donc réussir à concilier les connaissances, les qualités humaines et la pratique. Ce n’est qu’une fois sur le terrain que l’on mesure l’importance de l’enseignement théorique dispensé à l’Ifsi. À cela s’ajoute un accueil du stagiaire variable selon les structures. Dans certaines, cela s’est très bien passé, et j’ai rencontré des IDE qui ont pris le temps de m’accompagner. Dans d’autres, le stagiaire n’est pas forcément accueilli. Je me rappelle être arrivé le premier jour dans un service à l’heure des transmissions : j’essayais de saluer les professionnels, personne ne me répondait… On se sent minable dans ces cas-là. En première année, j’ai pensé à arrêter. De telles attitudes me faisaient douter de mes compétences et de mon choix de devenir infirmier. Les principales qualités de ce métier sont d’être humain et sociable, et certains professionnels ne sont pas capables de les mettre en œuvre avec les stagiaires. Ils le font en revanche avec les patients. Je trouve cela hypocrite. J’ai également rencontré des IDE dont l’attitude était dure, mais constructive. Avec elles, j’avais l’impression d’être en test tous les jours : c’était excitant, un challenge à relever, et j’ai réussi plus facilement certaines évaluations. J’ai choisi de ne garder que les souvenirs positifs, car ce sont eux qui permettent de s’affirmer et de prendre confiance en soi. »