UNITÉ MOBILE NEURO-PSYCHO-GÉRIATRIQUE
SUR LE TERRAIN
INITIATIVE
L’unité mobile neuro-psycho-gériatrique du CHU de Saint-Étienne a vu le jour en mars 2014. En un an, 190 interventions ont été effectuées en Ehpad.
C’est en réponse à un appel à projets de l’ARS en 2013 qu’a été créée l’unité mobile neuro-psycho-gériatrique (UMNPG) du CHU de Saint-Étienne. Son objectif : renforcer le lien avec les Ehpad, rencontrer et aider leurs équipes soignantes et éviter les hospitalisations d’urgence. « En réfléchissant avec les équipes des Ehpad aux projets de soins à apporter aux patients souffrant de troubles du comportement, nous pouvons éviter des hospitalisations et faire en sorte que les patients restent dans leur environnement », explique Aurélie Buisson, médecin et responsable de l’unité dont elle s’occupe à mi-temps. L’UMNPG est également composée d’une psychologue (0,75 équivalent temps plein), d’une infirmière et d’une secrétaire. La cadre de santé du service de consultation gériatrique se charge de la coordination.
Depuis sa création en mars 2014, 190 interventions ont été réalisées dans les Ehpad de Saint-Étienne et sa périphérie, dans un délai moyen de neuf jours. 37 Ehpad du secteur sur 45 ont déjà sollicité l’unité, qui répond aux demandes des médecins traitants et des médecins coordinateurs d’Ehpad en cas de situation complexe. Les demandes d’intervention peuvent porter sur un avis thérapeutique, des évaluations clinique ou diagnostique, un questionnement éthique, ou encore un soutien aux équipes.
« À l’issue d’une hospitalisation, nous faisons la synthèse avec le service d’accueil du patient et essayons de rencontrer le patient en moyenne trois semaines après sa sortie de l’hôpital pour remettre en place, cette fois au sein de l’Ehpad, ce qui a fonctionné en hospitalisation », explique Anaïs du Vigier, psychologue. Les visites se font à trois, pour apporter un regard multidisciplinaire à chaque situation. « Notre mission consiste à évaluer la situation, à effectuer des préconisations, souligne Nassira Naidji, infirmière dotée d’une expérience en service d’hospitalisation continue de neuro-psychiatrie gériatrique. Dix jours après l’installation du patient, je rappelle l’infirmière de l’Ehpad pour voir comment évolue la situation et réajuster la prise en charge si besoin. Dans les cas compliqués, je rencontre à nouveau la famille à l’Ehpad ou à l’hôpital de la Charité. »
L’équipe de l’unité mobile neuro-psycho-gériatrique a ainsi appris à mieux connaître les difficultés des prises en charge de ces patients en dehors de l’hôpital, dans le cadre de résidences qui répondent à d’autres organisations et à des contraintes différentes. « La contention et les contrats de soins sont difficiles à mettre en place en résidence, constate la psychologue. Nous essayons de rencontrer les familles et les équipes soignantes pour leur expliquer le bien-fondé de notre démarche, faire de la pédagogie sur les sens du trouble du comportement… »
L’idée formulée par l’équipe mobile peut parfois ne pas trouver l’adhésion des soignants, du médecin ou de la famille. D’où l’importance de la discussion et de la pédagogie. En général, l’équipe passe deux heures sur place pour prendre connaissance du dossier, rencontrer la famille et l’équipe soignante, arrêter la stratégie à mettre en place et la consigner par écrit. L’équipe de l’unité mobile, en opérant comme un tiers dans la relation entre équipe soignante et patient de l’Ehpad, a un rôle de facilitateur, bénéfique pour toutes les parties prenantes.
En janvier dernier, l’équipe a adressé un questionnaire de satisfaction aux médecins coordonnateurs, cadres de santé et équipes infirmières de 34 résidences. Sur les 33 retours, les items accueil téléphonique, délais de rendez-vous, transmission, délais des comptes rendus, capacité d’écoute et d’analyse, visites sur place ont été évalués satisfaisants ou très satisfaisants par l’ensemble des corps de métier : médecins, infirmières, soignants (auxiliaires de vie, aides-soignantes). La pertinence et la diversité des préconisations sont également jugées satisfaisantes. En revanche, la faisabilité de certaines propositions et leur impact sur la prise en charge obtient un résultat moins bon, notamment de la part des infirmières. « Les infirmières ont un rôle charnière, plus complexe : elles doivent transmettre aux soignants ce qui a été préconisé, mais peuvent ressentir un sentiment d’échec car les solutions, même pertinentes, peuvent être difficiles à mettre en œuvre », analyse Aurélie Buisson. L’équipe propose d’améliorer cet aspect en accentuant la pédagogie etla formation du personnel.