L'infirmière Magazine n° 366 du 01/12/2015

 

SANTÉ MENTALE

ACTUALITÉS

SALON INFIRMIER

Frédéric Launay  

Alors que les besoins sont identifiés, que les pratiques évoluent et que des professionnelles sont déjà formées, l’avenir des infirmières de pratiques avancées (IPA) en santé mentale est toujours incertain.

Depuis la disparition de la formation spécialisée en 1992, les infirmières de psychiatrie poursuivent inlassablement leurs efforts pour parvenir enfin à une fonction étendue et à un statut officiel. « En 2009, nous y avons cru, mais aujourd’hui nous doutons de la volonté politique », regrette Christine Abad, cadre supérieure de santé qui défendait au Salon infirmier, au nom de la Coordination nationale infirmière, la spécificité des pratiques avancées en psychiatrie.

Regroupées en compétences principales et complémentaires, ces pratiques avancées permettraient de combler les carences constatées dans le rapport Couty (2009) concernant l’enseignement de la discipline psychiatrique dans la formation générale. Les compétences principales concernent directement la pratique clinique – entretiens d’évaluation, prise en charge des affections psychiatriques de longue durée, parcours de soins complexes, prescription de thérapeutiques et de bilans –, alors que les compétences complémentaires permettent aux IPA de se positionner comme professionnel de deuxième ligne auprès de leurs collègues : action de formation, analyse de pratiques ou encore travail en réseau. « Les composantes de la pratique avancée en santé mentale et en psychiatrie sont bien définies(1) et inspirent déjà des formations universitaires qui attirent des infirmières motivées », constate Christine Abad.

Chacun cherche sa place

Si le projet de loi de santé prévoit explicitement le cadre d’exercice des pratiques avancées (article 30), les IDE en santé mentale ne sont pas plus rassurées sur leur sort. Celles qui ont déjà obtenu un diplôme universitaire de 2e cycle(2) et remplissent aujourd’hui les conditions du texte en préparation, redoutent de ne jamais voir les décrets d’application. Les autres hésitent à s’engager dans des études, souvent auto-financées, sans garantie de reconnaissance. La place qui pourrait leur être accordée, entre celles du médecin, du cadre de santé et du psychologue, est encore imprécise et la question de la grille indiciaire demeure brûlante.

1- Johanne Goudreau et al., « Approche clinique en soins infirmiers psychiatriques : étude de cas d’une pratique avancée », Recherche en soins infirmiers 2006/1 (n° 84), p. 118-125.

2- Le master sciences cliniques en soins infirmiers coordonné par le CH Sainte-Anne et l’université de Versailles-Saint-Quentin propose une deuxième année de spécialité en psychiatrie et santé mentale.

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