L'infirmière Magazine n° 366 du 01/12/2015

 

FORMATIONS SANITAIRES ET SOCIALES

ACTUALITÉS

FOCUS

Lisette Gries  

Cinq associations d’étudiants, dont la Fnesi, ont dénoncé les inégalités territoriales dans le financement de leurs cursus. La réforme des régions risque de creuser encore ces différences.

Pour les étudiants en soins infirmiers, suivre leur cursus, par exemple, à Périgueux, à Tulle ou à Angoulême, n’est pas si anodin qu’il n’y paraît. Si ces trois villes ne sont pas très éloignées les unes des autres, elles appartiennent à des régions différentes. Or, depuis 2004, ce sont les régions qui ont la compétence de gestion et de financement des formations sanitaires et sociales (FSS). Cette gestion ne faisant pas l’objet d’une politique harmonisée au niveau national, il y a d’importantes inégalités territoriales, notamment pour les bourses, dont les critères et les montants varient beaucoup. « C’est impensable d’imaginer qu’à situation égale, deux étudiants peuvent avoir un différentiel de plus de 1 000 euros entre leurs bourses selon leur lieu d’étude », dénonce Lisa Cann, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).

Face à ces disparités, la Fnesi a co-signé un communiqué avec les associations des étudiants en kinésithérapie (Fnek), en maïeutique (Anesf), en psychomotricité (Anep) et en ergothérapie (Unaee). La réforme territoriale, qui entrera en vigueur en janvier 2016, ajoute encore plus de confusion. Certaines régions qui s’apprêtent à fusionner avaient jusqu’alors des politiques inégales sur ces questions.

Ainsi, pour les trois villes citées plus haut, les montants et les critères d’attribution des bourses sont très différents (voir illustration). Or, d’ici la fin de l’année, elles feront partie de la même région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. À quelle sauce seront alors mangés les ESI ?

Guichet unique

« Nous demandons une harmonisation des bourses à l’échelle nationale et leur alignement sur celles du Crous(1), ainsi que le transfert de leur gestion au Cnous, détaille Lisa Cann. Nous voudrions que les étudiants des FSS, comme les étudiants universitaires, disposent d’un guichet unique pour l’aide sociale. » Les cinq organisations étudiantes demandent aussi « un réinvestissement de l’État vers les régions », qui passerait notamment par « des dotations suffisantes pour une gestion des aides sociales adaptée aux besoins des étudiants ». « Les dernières réévaluations de ces dotations datent de 2010 », déplore leur communiqué. Enfin, elles réclament des droits plus proches de ceux des étudiants universitaires, notamment en matière de représentation étudiante. « Les formations sanitaires et sociales sont aujourd’hui soumises à des choix politiques sans aucune réelle démocratie étudiante », soulignent-elles. Un statut unique d’étudiant, pour les personnes en formation initiale et en formation continue, permettrait aussi de simplifier l’accès aux aides sociales et aux services universitaires.

1- Centre régional des œuvres universitaires et scolaires.

Articles de la même rubrique d'un même numéro