Des concierges aux petits soins

Bonjour Happytal ! », lance Pierrette, aide-soignante en gynécologie, à l’attention d’Élise, chef concierge. À l’hôpital des Quatre villes, sur le site de Saint-Cloud, la jeune femme en polo rose est connue comme le loup blanc. « Le personnel a l’habitude de nous voir. Nous faisons le tour des services à la rencontre des patients », explique Elise, sur le pas de la porte. Après une brève présentation, elle laisse un prospectus des services et tarifs de la conciergerie à la patiente, visiblement fatiguée. « Je ne veux pas déranger, confie-t-elle en sortant. Ceux qui ont besoin de nous appellent spontanément. »

Service hôtelier à l’hôpital

Société de conciergerie, Happytal est créée en 2013 par deux jeunes consultants en entreprise, Pierre Lassarat et Romain Revellat. « On voulait améliorer la qualité de vie des patients à l’hôpital. Mais en travaillant le projet, on a réalisé que les soignants aussi avaient des besoins. En cause : les horaires décalés, le site parfois éloigné du centre-ville, peu de commerces de proximité ou encore, un quotidien chargé », déclare Pierre Lassarat. C’est à l’hôpital des Quatre villes, sur le site de Sèvres, qu’ils font leurs premiers pas en janvier 2013, derrière un stand démontable. Très vite, le site de Saint-Cloud suit. « La démarche était courageuse et utile, note Marie Reversé, cadre de santé en gynécologie-maternité. D’abord, ils nous déchargent de ces petites demandes des patients qui ne sont pas de notre ressort. Et ils nous aident aussi ! Je commande régulièrement ma baguette, des fruits et des légumes. Dans le service, il nous arrive aussi de prendre des plateaux repas. » Les membres du personnel peuvent aussi faire appel à un cordonnier ou laver leur voiture. Des petits plus par rapport aux services destinés aux patients : livraison (presse, fleurs, croissants, sushis, etc.), Wi-Fi, faire-part, taxi, coiffure, réflexologie…

Du sur-mesure

Aujourd’hui, Happytal est présent sur cinq établissements d’Île-de-France, « mais l’hôpital ne débourse pas un centime », affirme Pierre Lassarat. Selon la taille de la structure, un à quatre concierges répondent aux demandes des patients et personnels. « J’ai fait une demande farfelue, se souvient Valérie Caous, agent administratif. Des framboises, deux jours avant le reveillon de Noël. Happytal me les a livrées à 16 heures le 24 décembre, et elles étaient délicieuses. C’est irremplaçable ! » Les tarifs seraient aussi avantageux(1). « Nous travaillons surtout avec des partenaires locaux, et négocions les prix à l’avance », précise le créateur du service.

Élise a rendez-vous avec Ewan, infirmier en médecine, pour lui remettre son exemplaire de L’Équipe : « Je n’ai pas le temps d’aller au kiosque acheter le journal. Et pour ça, la conciergerie est un très bon outil ! Pour les patients aussi. Ils restent parfois à l’hôpital plus longtemps que prévu, apprécient une coiffure ou une pédicure… », explique-t-il. Les proches peuvent aussi en profiter, par exemple, avec le pressing. « Notre offre est pensée pour l’hôpital : services sur-mesure, aval systématique du poste de soin pour éviter toute contre-indication alimentaire par exemple », insiste Pierre Lassarat. Dans le hall, Paul, le collègue d’Élise, attend un taxi commandé pour le retour d’une famille à la maison. Ce qui ravit le jeune père de famille : « On a mis une heure pour avoir un taxi pour une consultation. Grâce à Happytal, c’est bien plus rapide et efficace ! » Nesrine aussi a utilisé ce service la veille de son accouchement. « Mon mari était au travail, et je me suis rendue seule à l’hôpital. Le chauffeur qu’ils m’ont envoyé a été très serviable. Je choisirai le même service pour mon retour à la maison, avec mon bébé. Et si je reste un jour de plus à l’hôpital, je commanderai des sushis ! Je n’en ai pas mangé depuis neuf mois ! »