Dans son livre blanc « Organisation de la médecine d’urgence en France : un défi pour l’avenir », paru mi-octobre, Samu-Urgences de France milite pour les pratiques avancées infirmières.
Pour Samu-Urgences de France (SUDF), le système de gestion de l’urgence médicale, « initialement conçu pour répondre aux drames de la traumatologie routière », n’est plus adapté aux besoins. Le syndicat formule donc une vingtaine de propositions pour répondre à « la légitime demande de soins urgents de la population ». Il suggère ainsi de définir, à l’échelle nationale, « des territoires de santé d’urgence » au sein desquels les Samu-centre 15 seraient remplacés par « des plates-formes de régulation médicale Samu-santé regroupant tous les acteurs de la réponse médicale à une demande de soins urgents ». Ces plates-formes seraient dotées d’un numéro de téléphone national : le 113. Elles orchestreraient l’intervention d’« équipes d’urgentistes de territoire » créées sur la base de « projets médicaux partagés ».
Le cadre ainsi posé, la mesure 17 du livre blanc vise à « formaliser les transferts de tâches des urgentistes vers les IDE des urgences hospitalières ». « La polyvalence requise pour les médecins urgentistes doit aussi être la règle pour les infirmiers collaborateurs permanents tant en pré-hospitalier (Smur) qu’en intra-hospitalier (SU, UHCD) », considère SUDF, qui milite pour des transferts de tâches « dans toutes ces pratiques », citant l’exemple réussi de l’infirmière organisatrice de l’accueil (IOA). « La mise en place des transferts infirmiers inter-hospitaliers rentre également dans cette catégorie et cette pratique, réglementée, doit être développée », ajoute-t-il. Et de lister d’autres transferts d’ores et déjà pratiqués sur la base de protocoles comme la dispensation d’antalgiques par l’IDE dans de nombreux services d’urgences, la prescription anticipée de radios par l’IOA pour la traumatologie périphérique ou encore l’immobilisation, après diagnostic, par une IDE formée à la gypsothérapie. À terme, « la réalisation de sutures simples, après examen de la plaie par un urgentiste » doit aussi pouvoir être proposée, plaide SUDF. Or, « même réalisées dans le cadre d’un protocole de coopération, ces pratiques ne répondent que rarement à un cadre réglementaire précis, malgré des recommandations de la HAS », regrette le syndicat, qui fonde de grands espoirs sur l’exercice en pratique avancée, tel que prévu par l’article 30 du projet de loi de santé. Si une « formation appropriée » s’impose pour les IDE concernées, il n’est pas pour autant nécessaire d’exiger « un niveau de formation de type master », estime-t-il.
Pas citées une seule fois en 48 pages, les Iade ont exprimé leur « colère » au moyen d’une lettre ouverte envoyée le 4 novembre par le Syndicat national des infirmiers anesthésistes. « Comment comprendre et accepter (…) que vous recommandiez une formation complémentaire en pratique avancée » pour les infirmières en soins généraux « alors que vous disposez d’infirmières spécialisées en anesthésie, réanimation, urgences et prise en charge de la douleur, reconnues niveau master et qui possèdent une formation spécifique sur le pré-hospitalier ? », s’étranglent les « plus proches collaborateurs » des urgentistes.