L'infirmière Magazine n° 366 du 01/12/2015

 

FIN DE VIE

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Hélène Colau  

Les premiers résultats d’une étude montrent que les soins d’hygiène et de confort sont souvent source de douleur chez les patients en fin de vie.

Des douleurs pas forcément très intenses, mais répétées. Chez les patients en fin de vie, le plus souvent, ce sont des soins d’hygiène et de confort réalisés sans analgésie spécifique qui provoquent les douleurs iatrogènes, selon une enquête du Centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD), dont les résultats préliminaires ont été présentés en octobre. « La douleur provoquée par les soins est méconnue des professionnels, parfois considérée comme normale, inévitable », soulignent les responsables de l’étude. Ces premiers résultats ont été obtenus auprès de 59 patients d’un établissement de soins palliatifs parisien. Sur les 603 gestes réalisés en l’espace de 24 heures par des IDE ou d’autres soignants(1), les trois quarts étaient des soins d’hygiène et de confort. « C’est aussi parce que ceux-ci sont les plus fréquents », nuance le Dr Frédéric Maillard, responsable du CNRD. Les auteurs de l’étude notent en effet qu’étant donné l’enchaînement rapide de ces soins, « il est parfois difficile pour le soignant de les distinguer les uns des autres au plan de la douleur provoquée ».

Pas d’analgésie spécifique

Résultat, 81,4 % d’entre eux n’ont été précédés d’aucune analgésie spécifique. « La douleur provoquée par ces soins passe souvent sous le radar, car ils font partie d’une routine, commente Frédéric Maillard. Et quand une analgésie est réalisée, certains patients ont quand même mal, car il s’agit de personnes très fragiles. » L’étude du CNRD note, par ailleurs, l’efficacité de l’échelle Algoplus pour dépister les douleurs chez les personnes en fin de vie. « Même chez des patients sédatés, elle a permis de mettre en évidence des douleurs supérieures à 2 », note Frédéric Maillard.

Les résultats complets de l’étude, encore en cours au sein des hôpitaux Saint-Antoine et Tenon (AP-HP) ainsi que dans des structures d’hospitalisation à domicile franciliennes, sont attendus dans les prochains mois. Grâce à cette démarche, le CNRD espère améliorer la connaissance des professionnels en la matière.

1- Le CNRD n’a pas testé l’hypothèse d’une différence de douleur selon l’opérateur, ce qui serait compliqué, car les gestes effectués sont différents.

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