L'infirmière Magazine n° 367 du 01/01/2016

 

EXPOSITION

RENDEZ-VOUS

ZOOM

K. R.  

Questionner les représentations du vêtement, c’est interroger les transformations qui ont marqué l’histoire de l’institution psychiatrique. En quoi permet-il de dégager la part d’invisible en jeu dans les soins en psychiatrie ? Et quel rôle joue-t-il dans la relation soignant-soigné dans cet univers longtemps resté clos ? Sarrau, blouse, pyjama, camisole… Si l’uniforme marque une séparation nette entre patient et soignant, il atteste aussi d’une hiérarchie entre le personnel : médecins, ouvriers, gardiens qui deviendront les infirmiers. Une sorte de pouvoir qu’on endosse une fois passé le vestiaire, « zone frontière où on échange ses habits civils contre ceux de l’institution, en acceptant symboliquement de laisser sa vie personnelle au vestiaire pour revêtir le costume et le rôle de soignant ». L’après-guerre marque un besoin d’humanisation des hôpitaux et remet au placard les vêtements de contention. « Mieux se vêtir pour mieux guérir », lance une patiente en 1952, dans le journal du Vinatier. Pratique très répandue, le pyjama fait pourtant toujours débat au sein des hôpitaux psychiatriques « où le quotidien ne tourne pas autour du lit » : « La plupart des patients entendus disent vivre ces pyjamas comme une humiliation », a noté le contrôleur général des lieux de privation de liberté en 2014. Cette exposition entend questionner le vêtement dans ses dimensions pratique, hygiénique, symbolique et identitaire : « laisser voir endroit et envers, le vêtement comme récit de son porteur ».

« Sens dessus dessous : le vêtement à l'hôpital psychiatrique, usages et représentations », La Ferme du Vinatier, Lyon, jusqu’au 3 juillet 2016 (voir le diaporama sur espaceinfirmier.fr)