Pour lutter contre la précarité des étudiants, la Croix-Rouge française propose aux foyers aisés de participer aux frais liés à la scolarité des futures IDE. Une initiative qui pose question.
La Croix-Rouge française, qui forme 10 000 étudiants en soins infirmiers par an dans ses 34 Ifsi, prend acte des difficultés matérielles des étudiants. Les « compétences à développer (…) imposent aux futures infirmières et infirmiers de suivre une formation exigeante à un rythme soutenu, auquel il est quasiment impossible d’ajouter un emploi étudiant à temps partiel. Or, de nombreux élèves font face à des situations financières difficiles, qui les empêchent de poursuivre sereinement leurs études. Décrochage pour certains et abandon définitif de leur cursus pour d’autres, les conséquences de la précarité sont lourdes », peut-on lire sur le site Internet de l’ONG.
L’association a donc décidé de proposer aux foyers les plus aisés de participer aux frais liés à la formation des ESI, dans le cadre d’un « don ISF » déductible à 75 % de l’impôt sur la fortune. Les contributeurs sont invités à faire un don de 600 euros (soit 150 euros après déduction fiscale), pour financer les tenues infirmières de six étudiants, ou de 1 200 euros (soit 300 euros après déduction fiscale), pour fournir du « matériel d’apprentissage » à sept étudiants : tensiomètre, pince kocher, stéthoscope, ciseaux mousse, garrots…
« Nous sommes un peu circonspects, commente Merlin Descours, secrétaire général de Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Dans les Ifsi de la Croix-Rouge, certains étudiants paient plus de 6 000 euros par an de frais d’inscription. Pourquoi ne pas agir plutôt sur ce levier pour lutter contre leur précarisation ? » L’association étudiante souligne aussi que les frais liés au matériel sont en principe assez limités : les blouses, quand elles ne sont pas payées par les Ifsi, reviennent à une centaine d’euros pour trois ans, alors que les trousses de matériel médical, qui n’ont en principe pas besoin d’être aussi fournies, peuvent être achetées pour quelques euros.
Par ailleurs, les repas représentent aussi souvent une dépense importante pour les ESI, mais restent absents de cet appel à générosité. « Cette initiative met-elle vraiment en avant la précarité étudiante ? Ne faudrait-il pas plutôt engager une réflexion au niveau national ? », s’interroge Merlin Descours.
Enfin, la Croix-Rouge ne précise pas comment seront sélectionnés les étudiants qui pourront bénéficier de ces dons, ni quel montant elle compte atteindre. Contactée par nos soins, l’organisation n’a en effet pas donné suite à nos demandes d’interview. Autant de questions qui restent donc en suspens.