L'infirmière Magazine n° 367 du 01/01/2016

 

MÉDICAMENTS

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Aveline Marques  

Lors de la semaine de la sécurité des patients, fin novembre, la HAS a dévoilé les résultats de son expérimentation sur la conciliation médicamenteuse. Une démarche qui a permis d’éviter en moyenne une erreur par patient.

À chaque hospitalisation, la même question se pose : quel (s) traitement (s) le patient suit-il ? Neuf hôpitaux ont transformé ce casse-tête en jeu de piste(1). Durant cinq ans, ils ont testé la conciliation médicamenteuse, une démarche qui vise à établir une liste exhaustive des médicaments pris par le patient afin d’éviter les erreurs de prescription et les interruptions de traitement. Pilotée par la Haute Autorité de santé (HAS), l’expérimentation Med’Rec s’est focalisée sur une situation à risque : l’admission par les urgences de patients de plus de 65 ans, hospitalisés dans un service de court séjour.

Essayée et adoptée

La conciliation commence par la recherche active des informations sur les traitements en cours, via les ordonnances, le dossier pharmaceutique quand il a été créé par l’officine et un entretien avec le patient et ses proches. Ce « bilan médicamenteux optimisé », effectué par le pharmacien, est ensuite comparé avec l’ordonnance d’admission du médecin pour identifier et corriger les divergences. Une procédure chronophage – en moyenne 30 minutes – mais fructueuse : sur 22 863 patients ayant bénéficié d’une conciliation, 21 320 erreurs ont été interceptées (omission de médicament, erreur de molécule, de posologie, de durée de traitement, redondance pharmacologique…).

L’expérimentation a également mis en évidence 23 381 changements de traitement voulus par le médecin, mais non documentés. Soit, en moyenne, une erreur et un changement non reporté par patient concilié(2) et jusqu’à 19 divergences pour une seule patiente !

Pour la HAS, la conciliation est donc « une démarche puissante de prévention, d’interception et de correction des erreurs médicamenteuses ». Les hôpitaux semblent eux aussi convaincus : bien que sa mise en œuvre soit complexe, la démarche a rapidement été étendue à d’autres services et d’autres points de transition du parcours patient (transferts internes et sortie) dans de nombreux établissements. Un guide pratique prenant en compte l’articulation ville-hôpital sera mis à disposition des professionnels cette année. La HAS a également indiqué qu’elle travaillait sur des « outils » ciblant les interruptions de tâches lors des administrations de médicaments, autre source d’erreurs(3).

1- Les CHU de Bordeaux, Grenoble, Nîmes ; les CH de Compiègne-Noyon, Lunéville, Saint-Marcellin ; les hôpitaux universitaires de Strasbourg ; la clinique de Moutier-Rozeille ; l’hôpital Bichat-Claude Bernard (AP-HP).

2- En moyenne, sept médicaments en cours.

3- Lire l’article publié le 26 novembre sur Espaceinfirmier.fr.

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