Si elles ne font pas encore l’objet d’une véritable prise de conscience, les violences infligées aux enfants ont pourtant des conséquences dramatiques sur leur santé future.
Les maltraitances, quand on est enfant, conditionnent évidemment la santé à court terme par les dégâts physiques (coups, traumatismes, voire mort) et psychologiques (conduites d’évitements…) qu’elles engendrent. Mais ces effets néfastes vont bien au-delà. À long terme aussi, c’est tout l’état de santé de l’adulte, sous tous ses aspects, qui est affecté. Une étude prospective américaine a ainsi mis en évidence que le fait d’avoir ou non subi des violences est le principal déterminant de la santé à 55 ans
La maltraitance dans l’enfance a tout d’abord des conséquences graves sur la santé physique : elle expose à un risque accru de maladies cardio-vasculaires et respiratoires, de diabète, d’obésité, d’épilepsie, de douleurs chroniques et de troubles de l’immunité. Mais pas seulement. Ces violences sont aussi la source de troubles psychiatriques majeurs : dépressions, idées suicidaires et tentative de suicide, troubles anxieux, troubles graves de la personnalité, addictions, troubles du sommeil, de l’alimentation et de la sexualité. Comportements sexuels à risque et troubles cognitif sont aussi très répandus parmi les anciennes victimes.
Les troubles mentaux sont particulièrement fréquents en cas de maltraitances sexuelles. « Notre enquête “Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte”
L’impact des violences sexuelles chez les victimes n’est pas seulement psychique, mais aussi neurobiologique : le système nerveux en pleine maturation des enfants pâtit très sévèrement des maltraitances et les effets délétères se matérialisent concrètement. Les études pointent du doigt des atteintes du cerveau chez les victimes. Un travail mené par une équipe de chercheurs internationaux
1- Étude prospective américaine de Felitti (2010).
2- Enquête “Impact et prise en charge des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte” de l’Afirem a été conduite de mars à septembre 2014 auprès de 1 214 victimes de violences sexuelles âgées de 15 à 72 ans, dont 1 153 femmes et 61 hommes, dans le but d’évaluer l’impact des violences sur leur vie et leur parcours de prise en charge.
3- « Decreased Cortical Representation of Genital Somatosensory Field After Childhood Sexual Abuse », American Journal of psychiatry, 2013.