L'infirmière Magazine n° 368 du 01/02/2016

 

ROMAN

RENDEZ-VOUS

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CATHERINE FAYE  

À 92 ans, le subversif François Roustang continue de mener une réflexion sur sa pratique et les conditions du changement, salutaire et libérateur, que l’hypnose et le lâcher-prise peuvent induire. Un changement qui nous ouvre au monde au lieu de nous replier sur nous-mêmes. Depuis qu’il a tourné le dos à la psychanalyse traditionnelle et fustigé ses pères, Freud et Lacan, il expérimente, raconte, rue dans les brancards. Trois de ses écrits fondamentaux, La Fin de la plainte, Il suffit d’un geste et Savoir attendre, réunis en un volume, viennent éclairer sa pensée et son cheminement singulier. Si, à première vue, le titre de cette compilation déroute, on comprend vite ce à quoi il fait allusion. Jamais contre, d’abord renvoie à la vraie posture dans les arts martiaux, celle qui consiste à ne pas se raidir devant l’attaque. Où la décontraction du corps prime sur le reste. C’est en accueillant ce qui est, que l’on ouvre la porte aux possibles. « Il faut trouver sans chercher. C’est là qu’il faut arriver », écrit-il. Celui qui ne cherche plus rien, n’attend plus rien, devient disponible et s’ouvre à quelque chose d’autre. Exit l’exploration de l’inconscient et de l’âme. Et pas de diagnostic qui fige la personne. Pour le thérapeute éclectique et hors norme, l’hypnose, loin d’être passive, réveille. Ce qui est capital, c’est qu’on ne se défende plus devant la réalité, qu’on l’accepte et l’absorbe. à contre-courant des idées communément admises, il prend à rebours ce qui fait la psychologie et les psychothérapies qui prospèrent dans nos sociétés : « Le symptôme n’est pas un intrus ou un ennemi. Il suffit de lui proposer une place pour qu’il devienne un ami. » Jamais contre, d’abord, François Roustang, éd. Odile Jacob, 29,90 €