L'infirmière Magazine n° 368 du 01/02/2016

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

S.M.  

Au fond de moi, je pense que j’ai toujours voulu prendre des responsabilités d’encadrement, même si j’ai adoré mon métier d’infirmière », résume Marie-Annick Quéau, aujourd’hui cadre supérieure au centre hospitalier de Cornouaille Quimper-Concarneau. Après avoir travaillé sept ans en chirurgie, en hospitalisation puis au bloc, la jeune femme est contactée par l’école d’infirmières - comme on l’appelle encore à l’époque - qui l’encourage à postuler comme formatrice. Marie-Annick accepte et exerce la fonction pendant un an et demi avant d’intégrer l’IFCS de Nantes, qui lui permettra, outre son diplôme de cadre, d’obtenir une licence en sciences de l’éducation.

→ Le soin en tête. En 1991, diplômée, elle réintègre son poste à l’Ifsi, où elle restera jusqu’en 2008. « Mais quand on est formateur, je trouve qu’on n’est pas réellement cadre, observe Marie-Annick. On a la même formation, ou presque, mais manager une équipe et accompagner des étudiants, ce n’est pas la même chose. » La formatrice aura l’occasion de le mesurer lorsqu’en 2009, elle décide de reprendre le chemin de l’hôpital. « J’avais évolué au sein de l’Ifsi, exercé les fonctions de directrice adjointe pendant une vacance de poste et même tenté une fois le concours de directeur, mais ça ne me plaisait pas tant que ça, se souvient-elle. J’approchais de la cinquantaine et j’avais toujours en tête le soin, quand s’est présenté un poste en médecine et rééducation neurologique. »

Les choses s’enchaînent assez naturellement. Comme Marie-Annick Quéau a beaucoup travaillé - en tant que formatrice - sur le lien entre l’Ifsi et les terrains de stage, elle se sent au point sur les pratiques professionnelles actuelles, malgré 18 ans hors des services. « Et j’étais connue de l’établissement, j’y avais même de bonnes relations avec quelques infirmières ce qui a facilité mon arrivée. »

→ Maturité et adaptabilité. Le service où elle débarque fonctionne bien. Sur le plan technique, l’aura de la formatrice fait son effet. « Je ne sais pas pourquoi, il y avait comme un postulat que j’étais forcément meilleure que l’équipe, une sorte d’experte du soin ordinaire. » La maturité et l’expérience professionnelle entrent également en ligne de compte. « Mais je ne suis pas sûre que ces deux éléments soient indispensables », observe-t-elle aujourd’hui, forte de sa récente expérience de cadre supérieure. La cadre peut également mettre à profit ses compétences pédagogiques auprès des aides-soignantes notamment, montrer des gestes, améliorer les temps de transmission, etc.

En revanche, la fonction managériale pure lui est inconnue.« Au début, il y a une période de test. Je l’ai surtout ressenti en ce qui concerne l’organisation du travail. Si vous faites de “bons plannings”, qui plaisent à chaque agent, on vous adore. Mais il faut recarder les choses, redire la règle, éviter l’enchaînement des services en soirée et en matinée, etc. Mais je n’ai jamais eu de problème avec l’autorité… » Il faut aussi un temps pour s’adapter aux outils de l’hôpital, aux règles de gestion…

→ Au cœur du service. Surtout, la cadre met un point d’honneur à passer du temps dans le service. « Cela m’a servi lors des premiers entretiens d’évaluation, par exemple. » Elle s’investit également auprès des patients, un champ que son prédécesseur n’occupait pas. « Je les connaissais tous, se souvient-elle. Je passais chaque matin 30 mn sur le dossier patient informatisé, histoire de bien connaître l’outil, mais aussi les situations et le soin nécessité. Et j’allais voir les malades tous les mardi matin. »

Jusqu’à ce qu’en 2012, l’opportunité d’un poste de cadre supérieure du pôle personnes âgées se présente dans l’établissement. « Je me suis interrogée sur ma légitimité, après seulement trois ans comme cadre, mais un collègue m’a encouragée. » Sélectionnée parmi sept candidats, Marie-Annick découvre alors un troisième métier.

MOMENTS CLÉS

1982 DE, puis infirmière en service de chirurgie.

1989 Faisant fonction de formatrice à l’Ifsi de Quimper.

1991 DECS à l’IFCS de Nantes, puis retour à l’Ifsi de Quimper.

2009 Cadre de santé en médecine et rééducation neurologique au CH Cornouaille.

2012 Cadre supérieure du pôle personnes âgées au CH Cornouaille.