Voir le monde avec les yeux d’un sourd, les doigts qui dansent, les expressions du visage, le corps qui se prête tout entier à une parole muette. Difficile de rester insensible à ce film-témoignage de Laëtitia Carton ! Tout au long de ce récit à la forme épistolaire, on se laisse bercer par la douce voix de la réalisatrice, qui s’adresse à Vincent, son ami sourd et homosexuel, mort il y a dix ans. Une sorte d’hymne à cette amitié entre le monde de la parole et du gestuel. Tour à tour émouvant et militant, il retrace dix ans d’un combat acharné contre l’Éducation nationale, les politiques, le corps médical et les familles qui imposent une éducation oraliste au détriment de la langue des signes. Car bien que cette langue soit depuis 2010 une option au bac, elle continue d’être marginalisée, méprisée au profit de l’intégration. On en sort bouleversé. J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd, en salles le 20 janvier.