L'infirmière Magazine n° 369 du 01/03/2016

 

ÉDITORIAL

SYLVIE GERVAISE  

Pas un seul infirmier n’a siégé au conseil d’orientation lors de la création du centre national des soins palliatifs… Alors même qu’en 2013, l’Ordre national des infirmiers remettait un rapport sur la prise en charge de la fin de vie, réaffirmant le rôle de l’IDE « pivot des soins » au cœur de l’accompagnement des patients en soins palliatifs. Si médecins et usagers sont représentés dans cette nouvelle assemblée – ce dont il faut se réjouir –, on comprend mal l’absence des soignants les plus nombreux et au plus près du patient, tant à son domicile qu’en établissement sanitaire ou d’hébergement. Accompagner le patient en soins palliatifs et ses proches implique d’expliciter, de répéter, de rassurer et d’écouter… Tout ce que les médecins déplorent ne pouvoir faire faute de temps ! Le manque de temps permet parfois une distance protectrice… Prendre en charge la douleur est un défi complexe à relever, surtout dans ce parcours difficile de la fin de vie. Administrer, ajuster, évaluer, tracer sont des tâches dévolues aux infirmières. En revanche, mission impossible que de penser ou proposer des axes stratégiques ? D’autres acteurs compétents redessinent, au gré de l’émergence des besoins de la population, les missions que les IDE sont habilitées à assurer, sans pour autant revoir le décret qui régit leurs actes, figé, lui, depuis 2004. Le changement ne pourra venir que de la profession, de sa quête d’autonomie. Sa posture dans le raisonnement clinique, comme la qualité des travaux de recherche, constitueront-ils le passeport d’accès aux instances stratégiques ?