S’il est impossible de lister toutes les thérapies qui ne bénéficient d’aucune reconnaissance légale, certaines sont plus en vogue que d’autres.
À Quimper, en 2005, Pascale et Ronan Boucher ont été condamnés à huit mois de prison pour avoir causé la mort de leur enfant. Kinésiologues, adeptes du décodage biologique, en rupture avec la médecine conventionnelle, ils ont imposé un régime végétalien à leur fils de 16 mois. Les experts médicaux ont jugé que l’enfant, qui ne pesait que 6 kilos à sa mort, souffrait d’une malnutrition majeure, ancienne et chronique. Ce fait-divers tragique se situe au croisement de pratiques déviantes actuellement en vogue.
Selon cette théorie, développée par l’Allemand Ryke Geerd Hamer, « toute maladie est la résultante d’un choc psychologique intense et d’un conflit intérieur non résolu », explique la Miviludes. Tout le monde pourrait guérir naturellement, grâce à « des capacités libérées d’auto-guérison », à condition que n’interfèrent pas dans ce processus les traitements conventionnels. En 2004, ce médecin a été condamné en France à trois ans de prison ferme pour escroquerie et complicité d’exercice illégal de la médecine, suite à la plainte déposée par un homme dont l’épouse atteinte d’un cancer du sein était décédée du fait du refus de traitements éprouvés. Et Ryke Geerd Hamer a fait des émules dans toute l’Europe. En France, Claude Sabbah, ancien médecin radié par l’Ordre, affirme, avec sa méthode de la « biologie totale des êtres vivants », pouvoir identifier l’événement traumatique déclencheur des maladies. Il a été condamné en novembre dernier à deux ans de prison ferme pour « publicité mensongère », suite à la plainte de l’épouse d’un homme atteint d’un cancer et adepte de sa théorie, mort après avoir abandonné tout traitement. Dans cette mouvance, en France, on retrouve Christian Flèche, infirmier de formation, à la tête d’une petite entreprise de formation au décodage biologique.
Le reiki, technique d’origine japonaise, consiste à poser les paumes des mains sur différents points du corps. Il est préconisé dans la prise en charge des troubles psychologiques liés à l’enfance. Cette méthode peut conduire à des pertes de chance. La fasciathérapie affirme prendre en compte le patient dans sa « totalité physique, psychique, sociale et culturelle » et solliciter le corps pour qu’il « trouve la réponse à sa problématique ». La kinésiologie est une thérapie holistique inspirée par la médecine chinoise et qui s’inscrit dans la mouvance New Age. Grâce à un « test musculaire », ses usagers pourraient optimiser leur capital de « ressources personnelles » pour parvenir à une auto-guérison des difficultés existentielles et de maladies. La kinésiologie s’accompagne de préceptes de vie : alimentation biologique, médecines douces, thérapies non médicamenteuses.
Dans la mouvance New Age se développent de nombreuses pratiques étranges. Le jeûne est par exemple prôné comme facteur de prévention des maladies et comme thérapie efficace. Le végétalisme est également en vogue, même pour les enfants en bas âge. Il existe aussi des adeptes de l’instinctothérapie qui consiste à consommer uniquement des aliments crus sélectionnés sur leur odeur. Plus loufoque, et dangereux, encore : le respirianisme, promu en France par l’Australienne Ellen Greve, alias Jasmuheen, repose sur la pratique du jeûne total acquise à l’issue d’un processus sacré de 21 jours au-delà duquel il est envisageable de se nourrir uniquement d’air et de lumière.
→ Altération de l’état physique et mental de la personne.
→ Rupture avec son environnement familial, professionnel.
→ Remplacement de ses valeurs par des références exclusives et intolérantes, liées à une influence autoritaire, s’inscrivant dans une logique d’opposition systématique à l’ordre social.
→ Soumission à des exigences financières disproportionnées.
« Dérives thérapeutiques et dérives sectaires : la santé en danger », rapport sénatorial, 3 avril 2013.