Depuis un an, l’hôpital privé de la Louvière, à Lille, propose un programme de reprise de l’activité physique aux patients diabétiques sédentaires, ayant ou non un problème associé d’obésité
Ce programme d’activité physique adaptée, financé par l’ARS Nord-Pas-de-Calais, est accessible à tout patient diabétique et/ou obèse, qu’il soit adressé par un prescripteur (voir encadré p. 50) ou non. Il commence par un bilan médical intitial (ECG, spirométrie, pouls, tension, etc.), associé à une consultation diététique. « Il permet de faire le point sur le comportement alimentaire du patient, car c’est une condition initiale pour optimiser le bénéfice des six séances », explique Frédéric Maton, médecin du sport, à l’origine de cette initiative avec Julien Rousseaux, médecin nutritionniste. Il permet également de vérifier l’absence de contre-indication à la pratique de l’activité physique (AP) et d’identifier les handicaps spécifiques à chacun (arthrose du genou, épaule douloureuse, périnée ou paroi abdominale fragilisée, etc.) afin d’orienter au mieux le programme éducatif et sportif.
Ce proframme est composé de six séances de 2 heures. La première heure est consacrée à l’éducation thérapeuthique du patient (ETP). « Nous abordons différentes thématiques (alimentation, bienfaits de l’AP, freins à la pratique, sécurisation des pratiques, adaptation du traitement) dans le but d’amener les patients à réfléchir, à se poser les bonnes questions et à trouver des solutions quant à la manière d’intégrer l’AP à leur vie quotidienne, notamment en transformant des activités sédentaires en activités physiques. » L’ETP permet également de donner aux patients les moyens de mieux jauger l’intensité de leur activité (fréquence cardiaque, essoufflement) et de repérer le niveau d’AP à la fois efficace et sans danger. « Les patients comprennent vite qu’il leur appartient et qu’il est facile de pratiquer de manière autonome une deuxième séance dans la semaine ce qui est essentiel pour pérenniser l’AP », poursuit le médecin.
Le programme est déterminé par l’éducateur médico-sportif (EM) en fonction des profils des patients constituant le groupe (6 à 8 patients). Chaque séance dure entre 75 et 90 minutes et commence toujours par des activités aérobies suivies d’exercices de renforcement musculaire. « Nous diversifions les AP sous forme de circuit pour ne pas engendrer de lassitude et permettre aux patients de se rendre compte de tout ce qu’ils sont capables de faire et surtout, éviter qu’ils se découragent si tel exercice les met plus en difficulté que tel autre. » Les exercices se pratiquent soit seul sur des appareils (plates-formes de Pilate pour faire travailler les muscles en chaîne, vélos avec selles adaptées aux patients obèses), ou en binôme dans un esprit ludique et convivial, car l’un des principes moteurs de ce programme est d’associer le plaisir à l’effort. « L’approche éducative du programme est conçue pour que chaque patient puisse rapidement mettre à profit les séances de manière autonome », ajoute Frédéric Maton. Au-delà de la remise en mouvement, ces séances ont une vertu psychologique : les patients s’entraident à dépasser le regard des autres et s’encouragent mutuellement, y compris à poursuivre des activités ensemble (ou non) à l’extérieur.
Pérenniser l’AP au-delà du programme est bien entendu son but majeur. Sur ce point, les résultats du service « Acti-vité » sont plus que satisfaisants puisqu’au terme des 6 séances, 51 % des patients ont déjà concrétisé un projet individuel d’AP et 20 % manifestent l’intention sérieuse de le faire. La marche, facile à mettre en œuvre, arrive en tête suivie des activités en salle (gym douce, pilate, zumba, step) et des activités aquatiques (natation, aquabike, aquagym). Plus généralement, 68 % des personnes constatent une amélioration de leur état de forme, de leur bien-être, un corps ou une silhouette plus tonique, moins de fatigue, une amélioration du sommeil et de la respiration. « Sans compter les effets sur les traitements antidiabétiques et antihypertenseurs dont on parvient à réduire significativement les doses, ce qui apporte bien la preuve que l’AP constitue un traitement à part entière dans l’arsenal thérapeutique du diabétique », conclut Frédéric Maton.
1- Pour tout renseignement : 03 20 15 71 33