Catherine Massiot et Roseline de Lauriston, éducatrices médico-sportives (EMS) de la fédération Cami sport & cancer, animent des ateliers de groupe respectivement à l’hôpital Avicenne (Bobigny) et Saint-Louis (Paris). Retour d’expérience.
Généralement externes aux services, les professionnels de l’activité physique adaptée (APA) sont appelés à intervenir soit en atelier de groupe extérieur aux services, soit dans le cadre de l’hospitalisation, notamment pour les patients d’hématologie. Un mode d’exercice qui exige dans les deux cas de bien connaître les dossiers patients, mais qui implique, pour ceux qui sont hospitalisés, d’établir une complicité indispensable avec les équipes soignantes pour ajuster les programmes au jour le jour, tenir compte des imprévus (examens, passage du kiné, etc.) et s’adapter aux fluctuations de l’état des patients. Un bilan d’accueil est d’abord réalisé. « Il nous permet de prendre connaissance du dossier médical des patients et de cerner leurs aptitudes physiques, explique Catherine Massiot. Puis, nous les revoyons pour des tests physiques afin de préciser leurs capacités réelles (souplesse, mobilité articulaire, capacité cardiovasculaire, tonicité musculaire des quadriceps et des bras) et connaître leurs limites. » Les séances débutent par un travail de prise de conscience du corps durant lequel chaque patient, des pieds à la tête, va préparer et assouplir en douceur toutes ses articulations. « Cette réappropriation corporelle, commente Roseline de Lauriston, réveille le corps au rythme et avec la fluidité de la respiration. C’est elle qui fait naître le geste, permet au patient de gagner en capacité respiratoire et facilite le travail en endurance. » Ensuite, en fonction de l’état des patients, les exercices proposés vont chercher à mobiliser plus particulièrement certaines parties du corps (cage thoracique, dos pour le cancer du sein, par exemple) qui, tout en ciblant certains patients, vont aussi être profitables aux autres. « Ainsi, en faisant successivement travailler toutes les parties du corps dans une gestuelle associée à la danse, au karaté, à la gym douce ou au tai-chi-chuan, entre autres, le patient reprend conscience de son intégrité corporelle et ne se focalise plus sur la zone malade, ce qui l’aide à aller mieux », ajoute Catherine Massiot. Moins fatigué, moins douloureux, il se redresse, et termine les séances plus tonique, mais aussi plus joyeux. « Le bénéfice psychologique de l’AP – lié au fait de reprendre possession de son corps, de partager ce moment de convivialité et de s’évader – est indéniable, poursuit l’EMS. En l’espace de trois mois, après l’abattement du diagnostic, je vois des patients se transformer, reprendre goût à la vie, fonder de l’espoir en l’avenir parce qu’ils sont moins angoissés, se sentent moins seuls et reprennent confiance en eux. »
Bien que les séances soient confinées en chambre, ce bénéfice est également observé chez les jeunes patients pris en charge individuellement par Roseline de Lauriston dans le service d’hématologie AJA (adolescents et jeunes adultes) de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP). « Le fait de leur proposer une thérapeutique non médicamenteuse dans un contexte d’isolement hypermédicalisé leur apporte une bouffée d’air et un mieux-être qu’ils apprécient beaucoup même si, d’emblée, le premier contact n’est pas forcément très concluant », explique-t-elle. Car les adolescents sont plus difficiles à convaincre de s’inscrire dans cette démarche et, en lien avec les soignants et les kinésithérapeutes, il faut parfois réaliser un gros travail de pédagogie et rechercher la motivation propre à chacun d’eux pour emporter la décision et l’adhésion au programme (faire appel à leur passé sportif, proposer une AP qu’ils aiment, jouer sur l’aspect esthétique, expliquer l’impact de l’AP sur le sommeil, l’appétit, la douleur, la fatigue…). Dans ce but également, les EMS utilisent une EVA
1- L’échelle visuelle analogique (EVA) est un outil d’auto-évalution de l’intensité de la douleur.
Références d’UE et extrait de leur contenu :
UE1.1. S2 « Psychologie, sociologie, anthropologie » (competence 6) : la relation soigne-soignant et ses aspects (éducation, autonomie, dépendance, « bientraitance »…) ;
→ UE 1.2.S3 « Santé publique et économie de la santé » (compétence 5) : identifier les problèmes de santé prioritaires d’un groupe ou d’une population en lien avec les déterminants de la santé, organisation de la prévention ;
→ UE 2.2.S1 « Cycles de la vie et grandes fonctions » (compétence 4) : montrer comment les grandes fonctions de l’organisme répondent aux besoins biologiques de maintien de la vie. Aspects anatomiques et physiologiques ;
→ UE 2.3.S2 « Santé, maladie, handicap, accidents de la vie » (compétence 4) : les concepts en santé, bien-être, qualité de vie, maladie, accident, handicap, douleur. La maladie chronique ;
→ UE 2.6.S5 « Processus psychopathologiques » (compétence 4) : processus démentiel, troubles mnésiques, désorientation temporo-spatiale ;
→ UE 2.7.S4 « Défaillances organiques et processus dégénératifs » (compétence 4) : mécanisme physiopathologique de la dégénérescence d’un organe ou de la défaillance d’un appareil ;
→ UE 2.9.S5 « Processus tumoraux » (compétence 4) : développer une vision intégrée des soins à donner aux personnes atteintes de cancer ;
→ UE 4.1.S1 « Soins de confort et de bien-être » (compétence 3) ;
→ UE 4.6.S3 « Soins éducatifs et préventifs » (compétence 5) : prévention, promotion de la santé, éducation en santé, éducation thérapeutique ; UE 4.6.S4 « Soins éducatifs et préventifs » : démarche d’éducation thérapeutique en interdisciplinarité ;
→ UE 5.1.S1 « Accompagnement de la personne dans la réalisation de ses soins quotidiens » (compétences 3) : apprécier la capacité de la personne à réaliser les activités de la vie quotidienne. Identifier des activités contribuant à mobiliser les ressources de la personne en vue d’améliorer ou de maintenir son état physique et psychique.