Les infirmières de santé au travail seront attentives à l’examen de la loi travail, prévu à l’Assemblée nationale à partir du 3 mai, qui réforme le suivi des salariés, avec de nouvelles missions pour l’IDE.
Terminée la visite médicale d’embauche pour tous les salariés, accompagnée de l’avis d’aptitude ? C’est en tout cas ce que prévoit le projet de loi El Khomri. L’article 44 remplace la visite d’embauche, assurée par le médecin du travail, par une « visite d’information et de prévention » effectuée après embauche par le médecin ou un autre professionnel de santé, notamment les infirmières de santé au travail (IST), qui sont plus de 4 000 en exercice. L’examen médical d’aptitude serait réservé aux salariés occupant des postes à risques
Du côté du Groupement des infirmièr(e) s du travail (GIT), on ne voit pas la réforme d’un mauvais œil. « Notre rôle est de faire de la prévention primaire et de participer à un projet de qualité de vie au travail, explique Nadine Rauch, sa présidente. C’est le cœur de notre métier. Le projet de loi peut donc être intéressant, dans un contexte de pénurie de médecins du travail. Il permettra au praticien de recentrer ses actions auprès des salariés occupant des postes à risques, là où son expertise est indispensable. Nous interviendrons pour délivrer des conseils, faire de l’éducation et de la prévention. » Une telle collaboration est d’ailleurs déjà à l’œuvre, à travers des entretiens infirmiers périodiques mis en place dans certaines entreprises.
Pour autant, des interrogations demeurent sur les conditions de mise en œuvre de cette visite de prévention. « Pour que nous soyons à l’aise dans cette nouvelle mission, nous avons besoin d’un cadre juridique sur lequel nous appuyer », relève Nadine Rauch. La présidente du GIT s’interroge notamment sur le contenu et la valeur donnés à cette visite: « Quel statut aura-t-elle ? Est-ce qu’elle donnera lieu à une attestation ? S’il y a un problème avec un salarié, est-ce qu’il sera notifié et à qui ? ».
Pour l’association, c’est aussi l’occasion de reposer la question du statut des IST au sein de l’entreprise. Contrairement aux médecins, elles ne sont pas des salariés protégés. « Nous avons besoin de cette indépendance vis-à-vis de notre employeur, insiste Nadine Rauch. Il en va de notre crédibilité. » Autre revendication remise sur la table : la formation. Le GIT souhaite que les IST soient recrutées au terme d’une formation universitaire diplômante uniformisée. Une reconnaissance de leurs compétences sur laquelle le législateur ne s’est pas prononcé.
1 - Postes à risques pour la santé et la sécurité du salarié (métiers du BTP, de la chimie, de certaines industries) et également de « tiers » (chauffeurs de bus, pilotes d’avion, grutiers…).