BRAS DE FER AVEC LE MINISTÈRE - L'Infirmière Magazine n° 372 du 01/06/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 372 du 01/06/2016

 

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SANDRINE LANA  

Pour attirer les kinésithérapeutes et orthophonistes à l’hôpital, le ministère de la Santé compte sur une prime mensuelle de 120 euros. Une aumône pour les organisations syndicales, qui demandent une remise à niveau des grilles indiciaires.

En France, on compte quelque 83 619 masseurs-kinésithérapeutes, dont 16 % seulement de salariés hospitaliers, et 23 521 orthophonistes, dont 80 % sont en exercice libéral ou mixte(1). Pour expliquer cette désaffection de la fonction publique hospitalière (FPH), la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) cible un salaire trop peu attractif : 1 514 € brut la première année pour le personnel médico-technique et de rééducation, classé en catégorie B. Kinésithérapeutes et orthophonistes revendiquent une revalorisation de leur grille indiciaire. « Ils veulent passer en catégorie A et faire valoir financièrement leur niveau d’études à bac + 5 », indique Didier Birig, secrétaire fédéral de FO Santé.

La pénurie pose un problème de santé publique. « Dans les structures hospitalières, on comble les postes par des éducateurs en activité physique adaptée (APA). La délégation des soins pose la question de la sécurité du patient », pointe Daniel Paguessorhaye, président de la FFMKR. L’Indre, avec 41 kinés pour 100 000 habitants, est la région où la pénurie est la plus importante tant en libéral qu’à l’hôpital. Paris, avec 185 kinésithérapeutes pour 100 000 habitants, et le Grand Sud attirent, en revanche, la grande majorité d’entre eux.

Menace sur les examens

Dans le cadre d’un groupe de travail sur les professionnels de la rééducation, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a soumis aux partenaires sociaux un projet de décret prévoyant une prime forfaitaire mensuelle de 120 euros brut pour les kinésithérapeutes et orthophonistes de la FPH qui exercent dans une zone avec « un risque significatif de fragilisation de l’offre de soins »(2). Une mesure insuffisante pour les organisations syndicales, qui comptent faire pression sur le ministère avant le 24 juin, date de la dernière réunion du groupe de travail. Les orthophonistes menacent, eux, de ne pas faire passer les examens de fin d’année aux étudiants. « On veut voir si la prime proposée sera agrémentée d’une revalorisation de la grille indiciaire. Mais on est inquiet, car si le ministère avait des propositions, il les aurait déjà mises sur la table », lance Didier Birig.

Pour le secrétaire fédéral de FO santé, le Gouvernement joue la montre et compte sur une démobilisation à l’approche des vacances scolaires.

1- Les professions de santé au 1er janvier 2015, Drees.

2- Arrêtée par l’ARS, la liste des établissements bénéficiaires serait révisable annuellement.

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