Après chaque nouveau classement des meilleurs établissements, le cycle des sujets à sensation reprend ses droits et l’absentéisme des agents de la fonction publique hospitalière y tient une bonne place. Pour dire quoi ? Que les usagers sont mal soignés parce que les personnels censés les prendre en charge se la coulent douce et que les classements sont là pour permettre aux patients d’échapper aux mauvaises équipes. Ne reste plus ensuite qu’à relayer les propos des politiques, qui ne manquent jamais de renchérir : que la solution est simple et qu’aux prochaines élections, ils vont changer tout ça…
Pourquoi ne pas reconnaître qu’il y a de nombreux professionnels investis, généralement heureux d’exercer leur profession, mais réellement fatigués, voire désabusés ? Si, parfois, quelques soignants abonnés aux absences répétées chamboulent l’équilibre – déjà fragile – des plannings, il ne faudrait pas oublier ceux qui, pour assurer la continuité des soins, compensent, au prix d’un cumul de solutions précaires gérées dans l’urgence. Mais, comme toujours, on ne parle que de l’excès qui ne représente que la partie émergée de l’iceberg.
Plus simple de critiquer un comportement préjudiciable à la qualité des soins que de se pencher sur les causes réelles du malaise… En période préélectorale, comment ne pas être tenté de faire le parallèle entre le taux d’absentéisme des soignants et celui des députés censés montrer l’exemple ? L’Assemblée nationale a connu, en février dernier, un taux d’absentéisme de 75 % lors du débat sur la modification de la Constitution, un sujet pourtant majeur… Certes, l’impact n’est pas le même, mais symboliquement, ça donne à réfléchir !