L'infirmière Magazine n° 373 du 01/07/2016

 

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CLARISSE BRIOT  

Au Québec, conditions de travail et pouvoir d’achat sont plus favorables. Mais depuis quelques mois, le recrutement des IDE françaises est difficile.

Pour rêver du Québec, le moment est mal choisi. Alors que ces dernières années, les autorités de la Belle province venaient jusqu’en France pour attirer les infirmières, la conjoncture ne s’y prête plus. Un signe : le Regroupement santé Québec (RSQ), chargé de recruter les professionnels de santé à l’étranger notamment pour « combler les besoins de main-d’œuvre », ne s’est pas montré lors du dernier Salon Infirmier. Alors qu’il a procédé à 400 recrutements à l’international en 2013 et 2014, ce chiffre est tombé à 221 en 2015, pour dégringoler à 26 cette année.

« Actuellement, nous ne sommes pas dans un contexte de pénurie, indique la responsable des relations médias du ministère de la Santé québécois. Il y a certes des besoins, mais si les établissements sont en mesure de combler leur poste facilement, ils ne nous interpellent pas pour du recrutement à l’étranger. » En cause, entre autres, la politique de restriction budgétaire menée par le gouvernement et la réorganisation en cours du réseau de la santé.

Du côté de l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ), on reste prudent. Selon Yolaine Rioux, la directrice du registraire, « les difficultés d’embauche touchent toutes les infirmières. Ce n’est pas pire pour les Françaises. Les établissements, en pleine réorganisation, recrutent beaucoup plus lentement ». Un facteur peut néanmoins jouer en la défaveur des tricolores : l’augmentation régulière des cohortes de diplômées canadiennes depuis 2005 ; 2015 était une année record avec 30 897 entrées dans la profession(1).

Temps partiel fréquents

« Quand je suis arrivée en 2011, le temps plein était la règle, témoigne Géraldine Baudouin, administratrice du Regroupement des infirmières françaises au Québec (RIFQ). Aujourd’hui, les emplois à temps partiel sont fréquents. Et celles qui ne viennent pas par le RSQ mais par leurs propres moyens ne trouvent rien du tout ! » Pour l’association, c’est le stage obligatoire de 75 jours prévu par l’arrangement de reconnaissance mutuelle qui freine les embauches. « Il coûte cher aux employeurs », souligne Géraldine Baudouin, qui réclame sa suppression. En France, le stage équivalent pour les infirmières québécoises a été supprimé en 2014. En attendant, conseille le RIFQ, mieux vaut renoncer au départ, sauf si l’on compte s’installer durablement.

1- Selon une étude de l’Institut canadien d’information sur la santé de mai 2016, 22 534 personnes ont quitté la profession cette année-là, ce qui représente un gain net de 8 363 infirmières réglementées, faisant suite à une perte nette de 2 360 membres en 2014.