L'infirmière Magazine n° 374 du 01/09/2016

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

M. C.  

En début de carrière, le syndicalisme m’intéressait déjà. Je n’aimais pas l’injustice », explique Céline Durosay, 43 ans. Elle adhère alors à un gros syndicat, mais est rapidement déçue par son fonctionnement. « Sur un dossier que j’estimais important, on m’a répondu que cela allait demander trop de temps, trop de travail. J’ai donc rendu ma carte ! », raconte-t-elle. Il faut attendre une rencontre avec Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), pour que la fibre syndicaliste de Céline Durosay vibre à nouveau. « J’ai retrouvé mes valeurs en discutant avec Nathalie Depoire », se rappelle-t-elle. Mais c’est après un problème survenu dans son service au sujet de l’alternance entre travail de jour et de nuit, qu’elle décide de rejoindre la CNI : « C’est le seul syndicat à avoir défendu notre cause. »

→ Siéger au CHSCT. Quelques mois après, le syndicat lui propose de siéger au CHSCT de l’établissement. « J’ai été très largement accompagnée par l’équipe pour faire mes premiers pas. Et un an après, j’ai pu suivre la formation obligatoire, qui n’est pas toujours facile à obtenir », note Céline Durosay. Le CHSCT n’est pas en effet une instance facile compte tenu de tous les champs qu’il couvre : conditions de travail, sécurité, hygiène. Il faut donc aborder le droit social, la réglementation ou le juridique. Céline Durosay obtient fin 2012 une décharge d’activité partielle et travaille 50 % de son temps. « Je travaillais de nuit, soit 14 nuits par mois. À mi-temps, j’étais dans mon service 7 à 8 nuits, détaille-t-elle. Je réservais les journées, du lundi au vendredi, au temps syndical. J’ai aussi voulu élargir mes responsabilités, j’ai été élue au bureau local et je me suis aussi occupée de dossiers individuels. » Elle a la chance de travailler avec un cadre « bienveillant » avec lequel elle planifie son temps de présence dans le service en fonction des réunions du CHSCT. En 2014, après les élections professionnelles, elle demande une décharge d’activité totale. « Le temps syndical prend en réalité la journée. Je commence entre 8 h et 8 h 30, et je ne sais jamais quand je vais rentrer le soir ! Les jours calmes, je peux terminer vers 17 h 30, mais si j’ai des réunions au niveau local, je suis chez moi vers 23 h 30 ! Il ne faut pas compter ses heures et avoir une famille conciliante. C’est aussi une question d’organisation », confie-t-elle. En outre, toutes ces heures supplémentaires ne sont pas rémunérées. Céline Durosay, comme tous les représentants du personnel, perçoit son salaire, mais aucune indemnité du syndicat, sauf pour ses frais de déplacement.

→ Des responsabilités nationales. Malgré « un investissement personnel important », Céline Durosay a pris des responsabilités au niveau national en devenant, il y a un an et demi, secrétaire adjointe. Ce qui implique, notamment, des déplacements à travers la France. « Il faut continuer à gérer les dossiers locaux, les réunions, les comptes-rendus et rester informée, précise Céline Durosay. Tout en restant en lien avec les agents et le terrain. » Pour autant, elle reconnaît qu’il « se passe plein de choses dans les services, mais, lorsque l’on est extérieur, il est difficile de dire aux agents de faire de telle ou telle façon. Il ne faut pas oublier la pression qu’ils peuvent subir ». Quant à son avenir professionnel, Céline Durosay avoue : « Pour l’instant, je m’éclate ! » Le retour au service n’est donc pas d’actualité, même si elle sait que l’image des syndicats n’est pas toujours « reluisante ». D’autant que cet engagement lui apporte entière satisfaction. « Se lancer dans le syndicalisme en pensant changer le monde, c’est aller à l’échec. Il faut savoir que des petites victoires, ça fait du bien. Il y a aussi la reconnaissance quand un agent arrive en larmes dans notre bureau et qu’il en repart souriant, c’est valorisant », explique-t-elle. Être dans un syndicat donne du recul, une vision plus globale, qui permettent de faire des propositions. « On ne peut pas faire avancer les choses si on baisse les bras dès le départ ! », conclut-elle.

MOMENTS CLÉS

1995 : obtient son diplôme d’IDE en décembre.

1996 : intègre le CH de Belfort-Montbéliard (25) en tant qu’infirmière polyvalente dans des services de moyen séjour.

2006 : rejoint l’unité de gériatrie aiguë.

2011 : adhésion en novembre à la CNI.

2012 : siège au CHSCT.

2014 : devient secrétaire adjointe de la CNI au niveau national et passe à temps plein syndical.